Halifax, la première fois qu’on visite une grande ville ! Ça sera une journée dense. On commence par longer le boardwalk, le long de la baie. Il est rempli de restaurants, cafés, touristes, flaneurs...
On part visiter le Pier 21, musée de l’immigration. C’est le Ellis Island de la Nouvelle-Écosse, des milliers de personnes sont passées par ce Pier dans les années 20-50, une immigration « choisie », surtout blanche et d’ascendance européenne, et non juive... Le Canada n’a pas toujours été la terre d’accueil qu’on imagine. Le musée regorge d’objets retraçant la traversée en paquebot, leurs malles et jusqu’au « wonderbread » qu’on leur donnait à l’arrivée, et qui ressemble à tout sauf à du pain. Un mur est tapissé d’anecdotes de visiteurs qui racontent l’émigration de leurs ancêtres par cet endroit, et la gratitude qu’ils ressentent à l’égard du Canada, très émouvant ! Maintenant d’immenses paquebots de croisière se garent en face du musée et on voit les gens descendre du bateau depuis les fenêtres du musée.
Halifax est surtout connue pour sa citadelle, construite en réponse à Louisbourg, la forteresse française que Léo vous avait bien décrite. Le port d'Halifax a été apprécié dès le XVIIIème siècle pour sa profondeur et la qualité de son accès , car il restait libre de glace toute l’année, tout en étant facile à protéger. Même si la forteresse a été plusieurs fois améliorée et renforcée la ville ne sera jamais attaquée.
En revanche, en 1917 un bateau rempli d’explosifs et de poudre en passe de partir pour l’Europe rentre en collision avec un navire marchand, et l’incendie qui s’en suit déclenche une explosion qui causera la mort de 1782 personnes, et détruira une partie de la ville. C’est la plus grosse explosion causée par l’homme avant Hiroshima.
On prend le ferry vers Darmouth, la banlieue en face d’Halifax.
Tranquille, ambiance un peu hipster, on ressent de la quiétude, comme si ici la vie était agréable et plaisante, les enfants jouent dans les parcs, d’autres adultes font du kayak sur le lac.
Après avoir quitté Halifax, on s’arrête à Peggy’s Cove, petit village de pêcheurs et son phare de 1915, probablement le phare le plus photographié du Canada. Endroit ultra super touristique, j’arrive néanmoins à y trouver du charme (et à prendre quelques photos entre deux cars de touristes!) mais Ben a hâte de retrouver un peu de solitude et de nature.
On dormira près de Lunenbourg, ancien grand chantier naval et port du Bluenose – un magnifique voilier qu’on retrouve aujourd’hui sur les pièces de 10 sous. Maintenant pittoresque village aux maisons colorées et impeccables, on y fera une petite promenade avec Élina le matin. On verra une version miniature du Bluenose au musée.

On sent le temps qui nous file entre les doigts, déjà le 19 octobre, est-ce qu’on arrivera à être à la Nouvelle-Orléans pour Noël sans rouler des centaines de kilomètres par jour ? Alors on décide de faire une grosse journée de route, sous la pluie battante.
Retour au Nouveau Brunswick
On dort au parking du fort Beauséjour, déjà fermé pour la saison. À la différence de Louisbourg, il n'y a pas eu de reconstruction ou si peu, il est donc beaucoup plus difficile de s'y projeter et d'y intéresser les enfants. On voit juste qu'il était en forme de pentagone, que les anglais en ont changé le nom (Cumberland) et rajouté un renfort et que probablement c'est d'ici que les anglais ont commencé à faire partir les Acadiens, avant même le grand dérangement de Grand Pré.
L’endroit où nous nous arrêtons le soir suivant est féerique, un petit phare abandonné, des marécages, une écluse.
Il reste tout aussi féérique au matin et Ben en profitera pour faire une belle session de saxo.
Nous sommes au bord de la baie de Fundy, dont les marées sont les plus grandes du monde, pouvant aller jusqu’à 17 mètres !
Hopewell rocks, ou aussi connus comme les « pots de fleurs » sont une attraction touristique de la région.
Les marées géants de la baie de Fundy ont creusé ces drôles de formations rocheuses, des monolithes dont la végétation continue de pousser au sommet. On ne tarde pas trop sur la plage, les panneaux mettant en garde contre la vitesse de la marée sont assez dissuasifs.
Le parc national de la baie de Fundy
Petite promenade en après-midi en bord de cascade le long d’une plateforme de bois. On descend, on remonte, on traverse cette petite rivière et on serpente autour des chutes d’eau. Impressionnant d'humidité et de fraîcheur, on est entourés par de la mousse, des fougères et de l'eau. Il fait plusieurs degrés de moins dans ce petit canyon.
Petite anecdote nocturne : cette nuit-là, nous sommes arrêtés sur un parking à Alma, devant un restaurant fermé pour la saison. Ben verra pendant la nuit une voiture s’arrêter, des gens sortir pour marcher dans le marécage et revenir une heure plus tard avec quelque chose de gros entouré d’une bâche en plastique, on n’a rien lu dans les journaux les jours suivants, mais entre nous on l’appelle le « cadavre d'Alma ».
Le lendemain, après une grosse crise familiale (ah, Léo… il nous en fait voir de toutes les couleurs), on fait une grande promenade le long de la baie de Fundy, une quinzaine de kilomètres qu’Élina a brillamment marchés. On longe la crête de la baie, ça monte et ça descend beaucoup. Des arbres sont tombés et sont complètement déracinés, ce qui oblige à faire de grands détours, c’est un sentier comme les enfants les aiment, avec plein de racines, de cailloux et d’obstacles.
On s’arrête sur la plage pour pique niquer avant de repartir en sens inverse.
La marche, rien de tel pour oublier les frustrations et apaiser les âmes…
Entrée aux États-Unis
Le 23 octobre ça y est, on passe la frontière américaine à Saint Stephen. Le douanier pose plein de questions, il a l’air surtout surpris de voir que Ben a démissionné. Avant de nous souhaiter un bon voyage il nous fait jeter une seule chose, nos bonnes pommes de terre de Prince-Edward-Island, quelle tristesse ! En tant que citoyens canadiens, nous n’avons pas de visa ni de tampons sur notre passeport, nous vérifions avec le douanier combien de temps nous pouvons rester, c’est une zone grise dit-il, mais il finit par plus ou moins confirmer que nous pouvons séjourner 6 mois aux « États » (comme disent certains québécois), tel qu’indiqué sur les divers sites gouvernementaux que nous avions consultés avant notre départ.
Notre premier arrêt américain est quelconque mais a surtout un nom rigolo : Machias, ça fait beaucoup rire Léo (on n’a pas osé demander aux locaux comment ça se prononçait) Malheureusement le temps n’est pas de la partie, il pleut, et de la pluie est prévue pour les 4 jours suivants. Un peu tristes, nous faisons une croix sur Acadia National Park et décidons de partir vers Portland. De nombreuses maisons sont ornées de drapeaux américains (et étonnamment beaucoup de drapeaux ukrainiens), et plusieurs ont déjà installé leur décoration de Halloween, assez impressionnante pour certains.
Ces premiers jours sur la route seront un peu surprenants. La radio d’abord… Désireux d’écouter les radios locales – surtout qu’on se rapproche des Midterms, on tourne et on s’arrête, par hasard, sur « Voice of Maine ». Parfait, une radio locale ! Au bout de quelques instants, on comprend que les deux interlocuteurs sont républicains, ou plutôt, férocement anti-démocrates. Pas de faits dans leurs discours, mais des attaques, des approximations, une agressivité incroyable. Et puis, tout naturellement, ils expliquent à quel point il est important de pouvoir faire face à toute éventualité, et que eux ils font confiance à survivalkit.com (j’ai oublié le nom exact) pour acheter un kit de nourriture de survie, si on achète maintenant et qu’on met ce code, on pourra avoir notre kit pour seulement 250 $ ! Alors, on était peut être un peu naïfs, mais c’est très étrange de les voir passer d’un discours pro-républicain à de la publicité sans aucune transition. Surprenant aussi l’agressivité de certains stickers sur les voitures…
En moins d’une semaine, on a vu :
- un LGBT (Liberty -Guns – Beers – Trump)
- un « Buy a gun and piss off a liberal »
- et un BLM, a priori en référence à « Black Lives Matter » .. mais avec écrit en tout petit dessous : Biden Loves Minors
Tout cela tranquillement mis sur les fenêtres arrières des pick ups.
Bon, on va suivre les conseils qu’on nous a donnés : on ne parlera ni d’armes, ni de politique !
Pour la radio, on a découvert ensuite National Public Radio et depuis ça va beaucoup mieux, en tous cas ça relève le niveau. Dommage que les autres chaînes ne soient que des pubs « buy now ! » ou des ramassis de sottises qu’il est difficile d’écouter plus de 5 minutes.
On trouve l’ambiance de Portland un peu glauque, peut-être est-ce du à la grisaille et la pluie. Beaucoup de gens traînent dans la rue, le "art district" n'a d'art que le nom ou alors on n'est pas allé dans les bonnes rues. Heureusement, on passera une bonne soirée à Luke’s et je peux déguster mon premier Lobster roll.

Le lendemain, « échec »… J’emmène tout le monde au Children Museum of Maine. Les droits d’entrée sont assez élevés et je commence à me poser quelques questions quand je vois l’age des enfants qui entrent. Bon, lesson’s learned, les « Children museums » sont pour les enfants de 1 à 5 ans. Au moins Élina trouve quelques endroits qui lui plaisent et peut faire un bricolage dans un "makerspace", Léo et Ben profitent quant à eux du Wifi du musée…
On reste une petite heure à Portsmouth, au New Hampshire, qui nous fait bien meilleure impression, surtout que la ville regorge de décorations d’Halloween.
Et puis on file vers le Massachusetts, et on s’arrête à Salisbury, au bord de la mer. Et là, ENFIN, au petit matin on voit le soleil, on revit après 4 jours de pluie.
On s’arrête ensuite à Salem. Tristement connue pour les Witch trials à la fin du XVIIème siècle, c’est maintenant une très jolie ville... où tout le monde se rue pour Halloween. Et on est 4 jours avant la date fatidique du 31 octobre! Si les maisons sont très joliment décorées, l’ambiance utra mercantiliste de la ville est pesante: chaque magasin est un « musée », de longues files sont formées pour rentrer dans les quelques vrais musées, on entend des cris partout. En bon agoraphobes que nous sommes, nous quittons les rues principales pour nous réfugier dans les rues résidentielles.
Ensuite Ben a son premier grand test sur route américaine : Aller de Salem à Newton en passant par les autoroutes périurbaines de Boston à 4 voies au moment de la sortie des bureaux (avec le soleil en face, sinon c’est pas drôle). On arrivera finalement à bon port, chez Stella et Juan, la famille de mon beau-frère Felipe.

On profitera de plusieurs soirées avec Stella, Juan, Mariana, Nicolas et Suri, qui nous accueilleront très gentiment, on aura même droit à un délicieux aji de pollo !
A Boston, on sortira pour la première fois les vélos, après une grosse maintenance (45 jours sur le porte-vélos a créé un peu de poussière), surtout que de Newton, on peut aller directement à Boston en longeant la rivière Charles. Le chemin est très agréable, sauf quand il faut traverser des routes. Beaucoup de voitures ne nous laissent pas passer même si nous sommes sur un passage piéton, nous ne sommes plus habitués à cela après autant d’années au Canada ! A Boston, Ben retrouve la salumeria italienne dans laquelle on était allés 6 ans plus tôt (quelle mémoire !), les sandwichs y sont toujours aussi délicieux ! 40 kilomètres de vélo cette journée-là !


Avant de rejoindre Plymouth, on a notre première expérience (et pour l’instant la pire) d’un « Park & Ride » : il s’agit d’une aire d’autoroute dans laquelle il est possible de dormir la nuit, des parkings sont aménagés, pour les voitures d’un côté et pour les camions et VR de l’autre. Évidemment, on entend le bruit de l’autoroute mais c’est parfois bien pratique. Bref, ce soir là, on se gare à coté d’un autre Winnebago à moitié abandonné, dont la fenêtre est ornée d’une affiche « Jesus loves you ». Vers 22h, on entend un gros bruit de moto, sûrement quelqu’un qui veut faire le kéké, je dis à Léo de se rendormir tranquillement, sauf qu’en fait, il s’agissait de quelqu’un qui mettait en marche son générateur et il ne l’a arrêté qu’à 2h du matin. À 3h30, notre autre voisin le camion allume son moteur pendant une demie-heure avant de partir (je le soupçonne d’avoir voulu se venger du bruit de générateur). Bref, les enfants ont très bien dormi et les parents pas beaucoup.
Plymouth, le Mayflower, des mots qu’on a souvent entendus mais qui ne représentaient pas beaucoup pour nous avant la visite de Plymouth et les lectures et activités qu’on a faites. Pour le côté historique, je vous renvoie au post de Léo ici qui décrit très bien l’histoire du Mayflower et la fondation de Plymouth. Le musée comprend une reconstruction partielle de la plantation de l’époque, ainsi que des campements des indiens Wampanoag. On voit comment fabriquer un canoë en brûlant petit à petit l’intérieur d’un tronc d’arbre et en utilisant des coquillages pour racler le bois brûlé, on voit un wetu (une hutte) et on comprend l’importance du rôle des indiens dans la survie des pilgrims.
Léo participe même à une activité au village : l’entraînement de la milice pour protéger la colonie. « For the King ! »
Et Élina se met à la mode de l'époque!
Ensuite, on prend une décision sur un coup de tête. Alors qu’on n’avait pas vraiment prévu de passer par New York (on y est déjà allé, ce n’est pas très adapté pour un VR), on se dit qu’on est si près, et si on y passait, surtout qu’on voit que certains voyageurs en van ont réussi à trouver des places sur Manhattan pour y stationner !
Alors, après une dernière vidange et remplissage d’eau, c’est parti… Mais ça commence mal. Nous ne pouvons pas monter sur l’autoroute que nous indique le GPS, car l’entrée sur l’autoroute passe sous un pont trop bas pour nous. On essaye plus tard, rebelote. Bon, tant pis, on prendra la 9, qui n’est pas une autoroute, ça sera juste un peu plus long.
On se retrouve à traverser le Bronx (mais qu’est ce qu’on fait là?), puis la route passe SOUS le métro aérien (on passe toujours, même si on a encore l’impression de ne pas être à notre place ici), et alors qu’on s’apprête à prendre le Broadbridge pour rentrer sur Manhattan, on voit le panneau de trop : 10’’10...
VITE, Ben tourne et on évite la catastrophe. On arrivera finalement à monter sur Manhattan un peu plus bas. Notre objectif, trouver une place dans l’Upper East side. Sans avoir besoin de tourner des heures, on la trouve presque tout de suite. Et nous voilà à New York !
Toute notre admiration va à Ben le meilleur conducteur de VR de la terre !

Comments
Written on Sun, 04 Dec 2022 22:50:18 by Xavier
Add a comment