Gaspésie et Nouveau Brunswick

Gaspésie et Nouveau Brunswick

Nous reprenons joyeusement la route qui fait le tour de la Gaspésie, surtout que le temps est superbe. La route longe la côte, parsemée de petits villages de pécheurs, aux noms évocateurs ou juste rigolos (Manche-d’Epée, Les Méchins, Grand Morne, Petit-Pabos, Pabos et Grand-Pabos...). Je commence alors ce que les enfants appellent mes “caprices pharesques”: si je vois que la route passe près d’un phare, je demande au capitaine du véhicule de s’arrêter.

Forillon_357

Forillon_354

Le joli phare de Pointe-à-la-Renommée est accessible uniquement par un chemin de terre très pentu, on décide de laisser le véhicule dans un large virage et on finit le chemin à pied, ça fait du bien de marcher un peu après ces quelques jours de pluie. Si le phare n’est plus en fonctionnement, il a une jolie histoire: il avait été démantelé et était parti en bateau jusqu’à Québec mais les habitants ont voulu le faire revenir, ils ont réussi après 20 ans d’efforts (!) à le faire revenir, en pièces détachées en camion cette fois-ci. Maintenant il y a un petit musée et il est très bien entretenu.

Forillon_362

Gaspé, Percé et la baie des chaleurs

On arrive en soirée à Gaspé et on se pose devant le port, où on assiste à l’arrivée d’un énorme bateau hollandais. On verra d’ailleurs le lendemain matin un long et impressionnant balai de camions qui chargent des pales d’éoliennes sur le bateau, c’est gros et long une pale d’éolienne! Au Parc Forillon, on part marcher vers le cap Gaspé. Les Micmacs dénommaient d’ailleurs la pointe extrême est de la péninsule gaspésienne « Gespeg », qui signifie « là où la terre finit ». Évidemment, de ce terme sont issus les mots Gaspé et Gaspésie. Le sentier des Graves serpente dans la forêt, la brume se lève, beaucoup d’arbres sont tombés du fait de Fiona et c’est dans une atmosphère fantomatique et pluvieuse qu’on arrive au Cap.

Forillon_374

Un moment seule sur le sentier, je n’hésite pas à taper régulièrement des mains, histoire de prévenir les ours bruns de mon arrivée (je n’ai pas vu d’ours, et évidemment nous n’avons toujours pas vu d’orignal). Au petit promontoire du « bout du monde », on a la chance de voir des phoques nager.

IMG_7487

IMG_7488

L’ancien magasin général du Parc de Forillon est très bien fait, il explique la vie au siècle dernier, toute tournée autour de la morue, qui, une fois salée, était envoyée en Europe par les compagnies maritimes de Jersey. Aujourd’hui la morue est une espèce protégée, elle avait quasiment disparu du fait de la surpêche ; la population de morues commence à peine à se reconstituer à nouveau.

Percé est notre prochaine destination, et la ville elle-même ne nous impressionne guère: TOUT est tourné vers le tourisme, hôtels, restaurants et magasins de souvenirs s’enchaînent le long de la rue principale et même la boulangerie est hors de prix. Heureusement, le temps est favorable et nous pouvons profiter des beautés de Percé: son fameux rocher, et l’île Bonaventure, située à quelques kilomètres de la ville.

Perce_Bonaventure_400

Nous prenons donc le bateau Félix Leclerc en compagnie de nombreux touristes, et écoutons le capitaine nous parler du rocher, de l’île et de ses animaux: phoques et oiseaux marins. Le capitaine n’hésite pas à répéter certaines informations et réussit à placer le mot “Bonaventure” plusieurs fois par phrase, ce qui rend Léo fou... “Le long des falaises de l’île Bonaventure, vous pouvez voir des phoques gris sur la gauche du bateau qui aiment les rochers de l’île Bonaventure”

Perce_Bonaventure_410

Perce_Bonaventure_423

On se moque gentiment, mais la répétition permet de retenir l’information, c’était peut-être son objectif! Une fois sur l’île, nous marchons sur un petit sentier (le seul ouvert depuis Fiona, les autres n’ayant pas été déblayés) jusqu’à la colonie des fous de Bassan, plus grande colonie du monde. C’est un endroit assez incroyable, très animé du fait des cris des oiseaux, de leurs envols, atterrissages et de leurs coups de bec. Ils sont très près, mais avec les jumelles on les voit encore mieux, ils ont des yeux d’un bleu magnifique. Les petits sont marrons, mais leurs parents superbement blancs au cou jaune.

Perce_Bonaventure_431

Léo a écrit un récit sur un fou de Bassan qui vous permettra aussi d’en savoir un peu plus sur cet oiseau, âmes sensibles s’abstenir, il y a un passage un peu gore dans son récit....

Perce_Bonaventure_445

Petite rencontre sympathique à l’anse Marcil, où nous avons dormi après Percé: pendant que Ben joue du saxo, deux personnes travaillant pour la ville arrivent en pick up pour enlever les tables de pique-nique. Ils apprécient clairement la musique, je leur explique que Ben joue l'hymne ukrainien, l'un deux se frappe les pectoraux en signe de respect, puis s'ensuit une discussion sur la Russie, la démocratie, et une phrase qu’on adore: "La poutine, nous on la mange par icitte!"

On roule le long de la Baie des chaleurs sans trop s’arrêter, on se rend compte que le temps passe vite, déjà le 28 septembre!

Entrée au Nouveau-Brunswick

Ça y est, on quitte le Québec! Dès l’arrivée, le ton est donné, la province est bilingue, et tous les panneaux sans exception sont dans les deux langues. On voit encore beaucoup de panneaux sur les autoroutes mettant en garde contre les orignaux (eux aussi font partie du complot de ces animaux imaginaires!)

IMG_7529

On passe la nuit au phare de Dalhousie et on fait de nombreuses rencontres le matin. Surtout des messieurs, et surtout des gens plutôt âgés, mais quel accueil! Sympathiques, rigolos, blagueurs, complètement bilingues, ils nous donnent une très bonne première impression du Nouveau Brunswick (non démentie par la suite).

Dalhousie_516

Dalhousie_496

Prochaine étape le parc national de Kachibougouac, où on peut profiter d’une belle plage sur une longue dune. La dune est protégée par des herbes dont les racines longues de plus de 8 mètres permettent au sable de ne pas disparaître par l’érosion ou le vent. Le vent souffle, et notre pique-nique croque un peu sous la dent avec les grains de sable (leçon retenue: préparer les sandwichs en avance si on va à la plage...), mais Élina est ravie, elle profite de la plage pour se construire un petit château et Léo et elle s’éclaboussent avec les vagues.

Acadie_556

Acadie_558

On profite, oh joie, des douches chaudes offertes par le parc, enfin des douches avec de la pression, pas de contraintes d’eau ni de remplissage / vidange! Comme quoi, on apprécie beaucoup mieux ce genre de confort quotidien quand on ne l’a pas tous les jours... Autre sentier qui traverse une tourbière en fin d’après-midi, la lumière est superbe, on croise encore de charmants Néo-Brunswickois avec qui on engage la conversation. La tourbière fait aussi partie de l’habitat d’orignal, même si on a du mal à imaginer comme un animal aussi gros peut marcher sans trop s’enfoncer dans un sol aussi meuble.

Acadie_562

Acadie_570

Nous passons par de nombreux villages qui se revendiquent fièrement acadiens : des drapeaux, des panneaux, des phares, des poteaux électriques, des murs de maison ou de grange, tout est bon pour montrer les couleurs du drapeau acadien, qui ressemble beaucoup au drapeau français, l’étoile jaune de Stella Maris en plus. C’est fou de penser que l’Acadie (maintenant comprise dans le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Écosse et l’Ile du Prince Edouard) existait au temps de Louis XIII et que les différents traités en ont fait des provinces anglaises. Si vous voulez en savoir plus sur les acadiens et le « grand dérangement » (ils se sont fait déportés de leurs villages par les anglais, parfois jusqu’en Louisiane), je vous conseille la lecture du poème Evangéline de Henry Longfellow.

Acadie_527

Acadie_538

La dune de Bouctouche devait être notre prochain stop, mais les passerelles de bois qui permettent de marcher sans abîmer la dune ont été emportées par Fiona, donc pas possible.

Donc, direction l’île du Prince Edouard, “PEI” (Prince Edouard Island). On passe la nuit côté Nouveau Brunswick, au Cap Tourmentin, avec vue sur le Pont de la Confédération, ce long pont de 13 km qui permet à PEI d’être reliée au continent.

Acadie_592

De jeunes locaux viennent faire des burns à coté de nous – nous sommes clairement sur leur territoire, mais partent vite. En revanche, le vent souffle fort cette nuit là, ce qui ne gêne aucun dormeur, sauf moi évidemment.

Le lendemain, cap vers PEI, ça sera l’occasion d’un autre post!

Perce_Bonaventure_463

Published by

avatar_marianne.jpg

Marianne

Comments

Bravo . Est-ce que l'on peut commenter sans devoir remettre à chaque fois son adresse email ?
Written on Sat, 29 Oct 2022 14:31:16 by Xavier

Add a comment