Lundi 12 septembre 2022 – ENFIN!
On finissait par penser qu’on n’allait jamais partir.
Le mois d’août a été très occupé, à ranger, nettoyer et réparer notre maison de Montréal. Au final, le balcon, le perron et le deck sont tout neufs et magnifiquement huilés, la maison est louée pour dix mois et demi et toutes nos affaires sont rentrées dans la chambre d’amis grâce aux compétences de Tetris de Ben. Ouf! Par contre, on n’a pas vraiment testé le camping car, la batterie a l’air de se décharger en quelques jours à peine et il est beaucoup plus tard que ce qu’on aurait aimé. Beaucoup plus tard en septembre, mais aussi beaucoup plus tard en cette journée de lundi. “J’aimerais bien qu’une de nos règles soit qu’on ne roule pas la nuit” disait Ben. Bon, bah c’est loupé, dès le 1er jour! (mais la lumière sur le pont Jacques Cartier était superbe).
Le rodage
Pour commencer sous de bons hospices, notre premier arrêt était culinaire: Sainte-Elisabeth-de-Warwick, village connu pour la fromagerie du Presbytère, où on peut trouver les fromages préférés de Ben et Léo, respectivement la Religieuse et le Louis d’Or. On peut visiter une partie de la fromagerie: l’ancien presbytère où sont entreposées les meules de Louis d’Or. On y voit Pat le robot suisse affineur: il tourne et retourne les meules à longeur de journée.

Les premiers jours sont surtout l’occasion de nous roder: comment organiser l’école avec Léo et Élina, comment faire une vidange, acheter ce qu’il nous manque au Canadian Tire. Pour les néophytes (que nous étions quelques jours auparavant), il y a 3 réservoirs d’eau: le réservoir d’eau fraiche, qu’on remplit avec de l’eau potable, le réservoir d’eaux grises qui stocke les eaux sales de l’évier et de la douche et le réservoir d’eaux noires, notre “réservoir de pipi-caca” comme l’appelle Ben. Quand on vidange (dans un endroit prévu pour cela), on vide d’abord le black water, puis le grey water. Quand on vit 24/7 dans le véhicule, le réservoir de Fresh water se vide très vite entre l’eau de vaisselle, l’eau pour se laver les mains, les dents, et l’eau des toilettes. Si on prend tous une douche, il se vide entièrement. Donc l’eau est rare et précieuse, on n’en gâche pas une goutte.

On commence rapidement à profiter du voyage.
Au musée maritime de l’Islet, on peut visiter de fond en comble deux navires:
- le brise-glace Ernest Lapointe est un navire qui, comme son nom l’indique, servait à assurer la navigabilité du Saint-Laurent l’hiver en brisant les glaces. On peut tout visiter, des moteurs à la cabine du capitaine et Léo et Élina s’en donnent à coeur-joie.
- l’hydroptère Le Bras d’or. Je ne connaissais pas ce concept, c’est comme un navire-avion (d’ailleurs il fallait son brevet de pilote d’avion ET de bateau pour le conduire) qui peut presque voler au dessus de l’eau, il peut aller jusqu’à 120 km/h, mais de ce que nous avons compris, il a surtout fait des trajets d’essai et son plus long périple a duré deux semaines à peine.

De Rimouski à Sainte-Anne-des-Monts
Au Parc du Bic, on retrouve la nature et la marche, le temps est très nuageux mais se lève petit à petit pour devenir ensoleillé. La marche du Cap à l’Orignal ne peut se faire qu’à certaines heures selon l’heure des marées et elle est réputée difficile, autant de raisons qui poussent Léo et Élina dans un état d’excitation extrême: on DOIT faire cette balade, même si c’est un peu tard selon l’heure de la marée. Evidemment ils sont très fiers d’avoir escaladé les rochers et bravé le Cap à l’Orignal.
Élina se régale sur la plage de l’anse du Cul mouillé, en trouvant trésor après trésor. On passe par le sommet de la Pinède avant de redescendre vers la baie de Ha ha au soleil couchant (j’adore tous les noms topographiques du Parc du Bic!)
Mais cette période de rodage ne serait pas complète si on n’ajoutait pas de petites épreuves. La mienne sera les poux, dont nous sommes tous infestés (particulièrement Élina et moi) et je passerai des heures à chercher les poux et lentes au peigne fin. Celle de Ben sera le changement de la valve de vidange des eaux noires (oui oui, noires, pas grises) qui fuit. 5 heures sur le parking d’un IGA, finissant la nuit à la lampe frontale, Ben se rappelera de Rimouski.
Après nos mésaventures vidangesques et pouesques, on s’arrête au phare de Pointe-au-Père, qui, en plus d’accueillir un phare très photogénique, est également le lieu d’ancrage de l’Onondaga, un sous-marin torpilleur qu’on peut visiter également de fond en comble.
Que c’est étroit! Quand on voit les couchettes (la majorité dans le couloir, certaines au niveau des pieds) et les règles à bord (on devait demander l’autorisation pour aller de l’avant à l’arrière du sous-marin pour ne pas le déséquilibrer!), on comprend mieux pourquoi on dit que les conditions à bord d’un sous marin sont difficiles. Léo a écrit une description de l’Onandaga que vous pouvez lire ici.
Passage par Cap-Chat et petit aparté félin: depuis le départ, Élina est dans un trip “meow”: pattes en formes de griffe, petit air coquin, miaulements ou ronronnements, elle nous pousse de nombreux “meow”. L’arrêt à Cap Chat était donc obligatoire. Mais pas facile de trouver une forme de chat dans ce rocher, voyez par vous-même.
On se trouve un très joli spot au bord de l’eau (“Vous pouvez rester, y’a pas de trouble” nous avait confirmé la propriétaire de la maison derrière) et Ben en profite pour jouer un peu de saxophone le matin pendant qu’on marche sur la plage avec Élina. L’hymne ukrainien au bord du Saint Laurent, ça pète! Ce ne sera que le premier d’une série d’endroits magiques pour pratiquer le saxo, souvent l’occasion de rencontrer des autochtones curieux et admiratifs des talents musicaux de Ben.
Parc de la Gaspésie
Direction Parc de la Gaspésie!
Ce grand parc, traversé par le sentier des Appalaches, comporte de très belles promenades. On commence par pique-niquer au lac aux Américains, magnifique lac encaissé, formé par un ancien glacier.
Puis on file au Mont Ernest Laporte, petite balade qui traverse l’habitat de l’orignal et offre une belle vue à 360 degrés au sommet. Avec Élina, on marche sans bruit, convaincues qu’on va voir un orignal, mais sans succès. On organise pour le lendemain un tour avec un des gardes forestiers du Parc: La vallée des rois. C’est normalement interdit aux moins de 10 ans, mais Élina nous a promis de bien marcher et de ne faire aucun bruit (et on n’a pas trop de doute sur sa capacité à le faire). On marche donc silencieusement dans la forêt, et le garde forestier nous explique beaucoup de choses sur la nature environnante et sur la vie des orignaux; vous pouvez maintenant demander à Élina comment différencier un sapin d’une épinette (indice vous avez besoin d’une aiguille).
Il n’empêche, on a vu un excrément d’orignal, un panache (ses bois), des traces d’un orignal qui s’est allongé dans l’herbe humide, des feuillus sans feuilles sauf au-dessus de 2 mètres soit disant mangés par des orignaux, des panneaux routiers indiquant de faire attention aux orignaux, mais PAS d’ORIGNAL. Toutes nos recherches ont convaincu Léo et Élina que cet animal est imaginaire, et cela a inspiré à Léo un texte en anglais que je vous invite à lire ici.
Ben a besoin de temps et de réseau pour travailler sur l’ordinateur pour mettre en place le blog. On le laisse à ses studieuses occupations et on en profite pour visiter Exploramer, un musée à Sainte-Anne-des-Monts sur la vie maritime du Saint Laurent. On voit plusieurs espèces de poissons et crustacés, qui diffèrent beaucoup selon la profondeur – le grand chenal du Saint-Laurent va jusqu’à 500 mètres de profondeur.
Les visites guidées sont très bien faites, surtout la partie tactile: on a pu toucher un crabe, une étoile de mer, un concombre de mer, un bourgaud.
J’ai adoré les petites informations insolites qu’on a pu retenir:
- le concombre de mer a dix doigts/filaments avec lesquels il touche de la nourriture, mais sa bouche est à l’intérieur, donc ensuite il doit rentrer ses doigts dans sa bouche pour manger: il se lèche les doigts, “comme pour des doritos” explique métaphoriquement la guide pour être sûre qu’on comprenne bien
- la crevette nordique nait mâle, puis vers 2-3 ans, elle se change en femelle, donc la femelle est toujours plus grosse que le mâle!
- le loup de mer produit une protéine antigel Bref, les animaux sont fantastiques!
Cap de la Madeleine
Après Sainte-Anne-des-Monts, on s’arrête au joli phare du Cap de la Madeleine de Sainte-Madeleine-de-la-rivière-Madeleine (nom véridique, je n’ai pas rajouté de Madeleines!). Camping l’été, il offre ses espaces (et son robinet d’eau potable, que vous avez compris très précieux!) gratuitement hors-saison, ce qui est notre cas.
C’est ici qu’on décide de rester pour affronter les vents et pluies de Fiona, la tempête subtropicale qui s’apprête à souffler sur les provinces maritimes du Canada. J’avoue que je ne suis pas tranquille, et si le vent nous poussait et nous faisait tomber de côté? “Jamais de la vie, on est bien trop lourd” dit Ben. Bon, de toute façon, on est un peu plus loin du centre de Fiona ici que vers Gaspé où on voulait aller ensuite.
Les gens ici n’ont pas l’air très inquiets, des rafales à 100 km/h, il y en a chaque année. Alors restons. On se gare dans le sens du vent, derrière une maison de pêche. Ce sera deux jours de pluie et de vent, en effet pas assez pour nous faire valser mais assez pour m’empêcher de dormir. En revanche, les 3 autres dorment très bien, “bercés” par le bruit du vent et les couinements du camper.
Dimanche 25 septembre, on se lève avec un grand beau temps, ouf, Fiona est passée!
Comments
Written on Tue, 25 Oct 2022 13:34:29 by SteffyPink
Written on Fri, 21 Oct 2022 18:26:11 by Laure
Written on Wed, 19 Oct 2022 18:15:14 by Sarah
Written on Tue, 18 Oct 2022 19:38:09 by LeRoule
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