Nous profitons de nos hôtes Matt et Nelly, de leur jolie maison et de la foret de bambous qui s’étend derrière chez eux.
Mais le soir, sueurs froides : À Charlottesville, un étudiant de l'University of Virginia (UVA, où travaille Matt) vient de tuer 3 de ses camarades. Toute l’université est en lock down, le lendemain les écoles restent fermées, le fugitif sera retrouvé quelques heures plus tard. On connaissait bien l’existence des tueries de masse aux États-Unis, mais cet événement nous les rend encore plus concrètes et proches. D’ailleurs, si vous voulez un excellent (et glaçant) article sur l’évolution du marketing des armes à feu, je vous conseille ce lien (en anglais).
Nous visitons ensuite Monticello, la demeure de Thomas Jefferson.
Vous pouvez avoir un résumé historique de la déclaration d'indépendance des États-Unis dans le post de Léo ici

Père de la déclaration d’indépendance, 4ème président des États-Unis, fondateur de l’Université de Virginia, architecte, collectionneur, diplomate, explorateur via sa commande de l’expédition Lewis et Clark, c’est un homme d’État complet, curieux et passionné, mais la visite de sa demeure mettra principalement, voire quasiment exclusivement l’accent sur la grande contradiction de sa vie : cet homme, qui a écrit que les hommes ont été créés égaux a possédé plus de 600 esclaves le long de sa vie. Il n’en a affranchi que 6, dont les enfants illégitimes qu’il a eus avec Sally, une des ses esclaves. C’est donc surtout des conditions des esclaves sur le domaine que la visite se portera. On peut voir une des cases où vivait une famille d'esclaves dans la photo ci-dessous
Une autre attraction de la région recommandée par nos hôtes : les cavernes de Luray. C’est une énorme machine touristique, le parking géant, les magasins, les autres musées annexes, le prix exorbitant. Mais quand on s'y promène on y est presque seuls, le gros avantage d’être hors saison!
On peut donc prendre notre temps pour suivre le parcours et admirer les stalactites et stalagmites.
Le reflet des sculptures dans l'eau est magique, les nombreux "drapés" sont aussi très beaux.
En fin de visite, on a droit au concert du « plus grand orgue naturel du monde » : quelques carillons. (on est toujours surpris de trouver dans chaque grande attraction, que c’est « le plus XX du monde », ils arrivent toujours à trouver une statistique ou un moyen de montrer l’unicité exceptionnelle et fantastique du lieu, ils sont forts en marketing ces américains!)
A Charlottesville, Matt avait proposé un « projet d’art » à Léo et Élina : « exprimez-vous via de l’art expressionniste abstrait ». Pour cela, chacun d’entre eux avait une toile vierge et des pinceaux dans le garage, et la consigne de ne pas vouloir représenter quelque chose de réaliste, mais plutôt un état d’esprit, une illustration de leurs émotions. Ils ont joué le jeu et nous avons maintenant deux tableaux dans le Winnebago !
Le temps se rafraîchit de plus en plus, Ben a peur que les tuyaux gèlent alors on décide de rouler rapidement vers le sud. On traverse rapidement la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et on s’arrête au parc national de Congaree, un très beau parc rempli de cyprès.
Un boardwalk permet de faire un tour avec de nombreuses explications sur la végétation caractéristique du lieu, puis c’est le « wilderness », un chemin que nous pouvons prendre pendant quelques heures et qui nous fait un grand bien.
C’est notre première découverte des « knees » : des excroissances de racines des cyprès qui permettent aux arbres, mais aussi au sol de se stabiliser. On en croisera beaucoup d’autres dans les États du sud.
Charleston et Savannah
Les deux villes du Sud sont connues pour leurs belles demeures, leur mousse espagnole (ou barba de viejo comme on préfère l’appeler) et de manière moins glorieuse leur passé de ville esclavagiste et confédérée. À Charleston, le long d’une artère commerciale, c’est la surprise : un Freddo ! Pour ceux d’entre vous qui sont allés en Argentine, Freddo est une institution. On entre sans y croire, et, directement en espagnol, on demande s’ils ont de la « dulce de leche granizado ». La réponse est oui ! Retour dix ans en arrière avec le goût de la glace d’Argentine, on la fait gouter à Léo et Élina qui ont l’air de bien apprécier. On se promène parmi les belles rues de Charleston et le long de la jetée, où on voit des poissons volants sauter au dessus des vagues.

On quitte la Caroline du Sud pour entrer en Géorgie. Avant de visiter Savannah, petit détour par Tybee Island, une banlieue balnéaire de Savannah. L’ambiance est plutôt détendue et sympathique, un boardwalk longe la plage et une jetée est remplie de pêcheurs. Le panneau « no shark fishing » m’intrigue : y-a-t-il vraiment des requins ? Oh oui, plein, nous répond un pêcheur, mais il les rejette aussitôt, leur objectif est d’attraper des truites rouges, énormes poissons.

Puis c’est Savannah, où on peut se promener de square en square. Encore plus tranquille et jolie que Charleston selon notre point de vue.

On passe au parc de la Fontaine, où a été tournée la fameuse scène de Forrest Gump « Life is like a box of chocolates ». On finit par manger quelques crevettes frites sur le quai.

Avant de quitter la Géorgie, on prend le bateau pour Cumberland National Seashore park, une ile-parc national, autrefois habitée par une riche famille, les Carnegie.

On décide de faire une grande boucle, donc on ne traîne pas, il faut être de retour à temps pour reprendre le bateau du retour. Le premier chemin serpente entre les arbres remplis de mousse espagnole et des palmettos. C'est vert et sauvage et on est tout seul.
Puis c'est la plage, il fait gris mais il ne pleut pas, on est encore tout seul devant ces grands espaces. Le vent pousse le sable (mais on avait fait attention dans le sens de notre boucle pour avoir le vent dans le dos, heureusement!). Ben trouve un sand dollar, puis on découvre un espèce d'animal bizarre, Élina pensait tout d’abord que sa carapace était une assiette en plastique, mais après en avoir vu un vivant, c'est plutôt un gros crabe.


Enfin, on longe un marais, et puis on voit les restes de superbes demeures des Carnegie (et leurs dépendances, la maison du capitaine, la glacière, etc, etc...) et des armadillos! Ils courent décidément très vite.
L'arrrivée en Floride!
Le 24 novembre, c’est Thanksgiving. L’occasion d’abord pour Élina de jouer avec les enfants d’une famille de français en voyage, elle s’en donne à coeur joie et ne veut plus partir. Mais c’est aussi le jour où on entre en Floride, sous la pluie et dans un ciel gris. C’est pas vraiment ce qu’on nous avait vendu, la Floride, c’est pas le soleil et les cocotiers ? Tout est évidemment fermé et l’humeur est un peu maussade, depuis plusieurs jours, on se sent malvenus partout, on a vu plusieurs fois des policiers nous rappeler que « no overnight parking here », les tarifs des parkings sont plus élevés pour les VR comme nous, à quant la solitude des grands déserts ?
La première visite en Floride sera Saint Augustine, beaucoup plus touristique que ce qu’on pensait. Mais, en meme temps, c’est LA plus vieille colonie européenne des États-Unis, plus vieille que Plymouth. On en entend moins parler probablement parce que c’était une colonie espagnole.
On se promène, on voit le Castillo San Marcos, le plus vieux fort dans cette colonie. Espagnol, anglais, espagnol, confédéré puis americain, le Castillo San Marcos a vécu pas mal de changements et le fort a été plusieurs fois assiégé mais jamais conquis.
La petite rue piétonne et commerçante est bondée, on se promène un peu jusqu’à la maison la plus vieille de la ville
puis on repart doucement vers le Katameh. Hé oui ! Voilà le nom du VR, après beaucoup de séances de brainstorming c’est ce qui est resté. Il est finalement assez lié à l’obsession d’Élina pour les chats « cat » et « meow » (d’ailleurs, à prononcer « kata meeeeow »).
On continue à descendre le long de la cote, on passe par Daytona Beach, on se croirait dans GTA Vice city, pour les fans du jeu vidéo. C’est vrai qu’on voit des voitures de sport de luxe, et des cocotiers qui longent des autoroutes...


Le Kennedy Space Center
Le 27 novembre, c’est la grande visite du Kennedy Space Center.
Wow, pas de doute, c'est un parc d'attractions / musée et on en prend plein les yeux. Le jardin des fusées est un musée à ciel ouvert rempli de fusées toutes plus colorées les unes que les autres.
Atlantis est une des 5 navettes spatiales de la NASA (avec Challenger, Columbia, Discover, Endeavour). Un bâtiment entier y est dédié et on y passe pas mal de temps. On écoute un astronaute nous parler de son experience à bord d’Atlantis, une semaine dans l'espace en orbite. Quel univers enivrant et excitant.
On nous parle aussi de détails plus croustillants pour les enfants: comment aller aux toilettes dans un espace sans gravité..
Les navettes ont permis de diminuer grandement les coûts des voyages spatiaux, puisqu’à la différence des fusées, les navettes reviennent sur terre et peuvent être réutilisées. C’est grâce à elles qu’on a pu acheminer les différentes parties de la station spatiale internationale (SSI) On voit les télescopes (réplique de Hobbes), le Canadarm (bras mécanique de la SSI construit par le Canada), des combinaisons de cosmonautes, le vrai Atlantis et une vraie fusée Saturne, qui aurait du s'envoler si Appolo avait continué.
On fait un tour pour voir le VAB (Vehicle Assembly Buildling), un édifice haut de 160 mètres, qui a les "plus larges portes du monde", forcément elles doivent laisser passer des fusées !
Le crawler transporter quant à lui emmène la fusée sur le site de lancement, il roule au pas (1,6 km/h quand il transporte une fusée) et se déplace sur une route spéciale (il fait 30 m de large). Bref, tout est grandiose !
On a touché un morceau de lune, il était tout petit, tout noir et tout lisse, on l'aurait pris pour un vulgaire bout de caillou qu'on aurait jeté s'il n’était pas sous cette vitrine.
Une des attractions c’est le simulateur de décollage de fusée. On s’attache et ça secoue ! Élina était un peu inquiète avant le début mais rapidement ravie.

En tant que visiteur, on est toujours très pris en charge, comme dans un parc d’attractions. Pour entrer dans un building, on doit d'abord voir un film, puis un 2ème, avant de pouvoir entrer dans la partie muséale. Le style des visites guidées est grandiloquent, des petites blagues, plein de records (le plus grand, le premier, le plus quelque chose) et on rappelle régulièrement l'excellence incroyable des États-Unis. Mais c’est aussi la magie de l'espace, alors on leur pardonne et on se laisse porter.
Les plages de Floride
On continue à descendre le long de la cote et on s’arrête à un State park conseillé par un collègue: le Sebastian Inlet State Park. Plein de « premières fois » ce jour-là :
- on achète un déo à Léo pour la 1ère fois « J’ai pris un coup de vieux, Maman avec ça »
- on passe notre 1ère nuit au camping depuis le départ de Montréal
- on découvre pour la 1ère fois les no-see-ums, l’horreur sur terre, des petits moustiques qu’on ne voit pas (no-see), qui traversent les moustiquaires et qui piquent, qui piquent, qui piquent.
- 0n doit donc tout fermer et mettre la clim, pour la 1ère fois ! Pour vous donner une idée des dégâts, j’ai plusieurs centaines (oui, centaines) de piqûres sur chaque jambe dans les jours qui suivent. Notre seule chance contre les no-see-ums, c’est le vent. Sinon, on est foutus.
Le lendemain, il y a justement un peu de vent et on peut profiter des oiseaux sauvages, et de la belle plage du parc, Léo et Élina en profiteront même pour sauter dans les vagues, ça y est, on goûte l’atlantique, on se sent en Floride !
On fera la 1ère vraie séance de plage à Pompano Beach, une station balnéaire bizarrement remplie de québécois, le drapeau jaune et mauve indique danger de forts courants et faune aquatique, mais on reste près du bord, l’eau est bonne et ça fait du bien de jouer dans les vagues.
Après une nuit à North Miami Beach, on continue notre périple nostalgique argentin puisqu’on va chercher des medialunas au Cafe Buenos Aires, clairement tenu par des argentins avec une clientèle argentine. Ben trouve les medialunas de manteca y de grasa même meilleurs qu’à Buenos Aires. Ce coin est plutôt tranquille, les gens courent, promènent leur chien, font du vélo, on ne se sent pas dans une grande ville.
Mais en traversant la ville pour se rendre au jardin botanique Fairchild, on se rend compte de la taille de Miami et de la folie de sa circulation. Le parc est superbe, des plantes et arbres magnifiques, une foret humide et luxuriante,
un jardin désertique avec des cactus, un festival de lumières, des papillons en liberté dans une serre,
des oeuvres d'art en verre soufflé
et, de manière très inattendue, un crocodile en liberté le long de l’étang !
C'est confirmé, je n’aime pas ces bêtes, même s'il s'est rapidement jeté dans l'eau (très rapidement d'ailleurs, il est plutôt vif).
Les Keys
Pour rouler vers les Keys, on écoute la musique du jeu Monkey Island à fond, ça s’y prête très bien ! Les Keys, ce sont des îles de tailles diverses, reliées entre elles par des ponts. Certains ponts font des dizaines de kilomètres, et on a juste l’impression de rouler sur la mer, c’est beau, surtout quand le temps est de la partie.

On a pris des campings dans des state parks sur les Keys, car il semble difficile, voire quasiment impossible de se garer dans des endroits gratuits sans être importunés par la maréchaussée ("no overnight parking!") Et ne parlons pas des "RV Parks", des campings sans ombre ni intimité, où les camping cars sont garés les uns à coté des autres et qui coutent une fortune. Donc, les campings des state parks, beaucoup moins onéreux et plus végétalisés, sont de loin la meilleure option.
On arrive un peu avant le coucher du soleil au Curry Hammock, et on file se baigner. Les rangers nous confirment qu’ici il n’y a pas de crocodiles, ouf. Il y a du vent (donc pas de no-see-ums), on voit quelques kite surfs se faire plaisir sur l’eau.

Les boutons de moustiques grattent toujours, on est encore constellés, surtout Léo et moi, quelques nouvelles piqûres se rajoutent, mais rien de comparable à Sebastian Inlet.
Nous visitons un hôpital pour tortues. On y amène les tortues mal en point (souvent atteintes d'un virus qui leur donne des tumeurs, ou frappées par un bateau, ou avec un hameçon coincé) et on les y soigne, voire on les opère pour ensuite les relâcher. Certaines doivent rester au centre car elles ne pourraient plus se nourrir à l'état sauvage. Il y a plusieurs piscines et on peut donner à manger aux tortues dans la grande piscine.
Les tortues n'ont pas de dent mais un bec très pointu, elles sont capables de casser la carapace d'un crabe ou d'un gros coquillage pour manger le crustacé. Elles retournent toujours au même endroit pour poindre. Elles pondent entre 80 et 160 œufs par ponte, plusieurs fois par saison (mais elles n'ont pas de saisons de ponte chaque année). En termes de statistiques, il y a juste une tortue sur 1000 œufs qui réussit à devenir adulte, c'est vraiment très peu, et on comprend mieux pourquoi les efforts de protection sont importants.
Après une petite photo type "les dents de la mer", nous passons ensuite l’après-midi au State Park de Bahia Honda.
Proche du grand pont autoroutier de la 1, c'est moins calme qu'à Curry Hammock mais la plage est très belle. On peut même choisir: plutôt côté Golfe du Mexique, ou côté océan. Le coucher de soleil remplit ses promesses.

Le lendemain, direction Key West, encore un autre bout du monde. Key West c'est étrange. On dirait une ville faite pour la débauche ! On déambule dans Duval Street et la moitié des magasins sont des bars ou des restaurants, l'autre des magasins de souvenirs ou de vêtements. Mais donc, en plein après-midi, les gens sont déjà en train de boire. On entend des concerts dans des bars, comme si c’était le soir.


Les boutiques de souvenirs ont des autocollants ou des tee shirts avec des slogans rigolos ou atterrants, surtout toute une série sur Trump. Quelle agressivité, enfin, peut être que le but est juste d’arrêter les badauds comme nous pour qu'on lise ces horreurs. On voit des coqs se promener en pleine rue, ils sont ici chez eux.
Beaucoup de touristes font la queue pour se photographier devant la borne qui s’annonce comme le point le plus au sud ouest des États-Unis, à à peine 90 miles de Cuba.
Ça y est, nous avons trouvé la chaleur et ne pouvons plus aller plus au Sud, il est temps de remonter un peu et de partir vers l’Ouest !
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Written on Sun, 05 Feb 2023 03:47:51 by El Porteñio
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