Le Mexique central – De Mexicó à Mazatlán

Le Mexique central – De Mexicó à Mazatlán

Notre première mission à notre arrivée dans la capitale est de trouver un parking pour le Katameh, tout en respectant les horaires autorisés. Afin de limiter la circulation et la pollution, les voitures ne peuvent pas rouler tous les jours, et les véhicules étrangers encore moins : c’est le programme « hoy no circula ». Par exemple nous ne pouvons pas rouler les jeudis, ni un samedi sur deux, ni les jours de la semaine entre 5h du matin et 11h… On passe donc notre dimanche après-midi à déambuler dans les rues autour de notre appartement, et à visiter tous les parkings publics que l’on croise : la majorité sont trop petits, ont un portail trop bas ou ne nous paraissent pas très sécuritaires. Mais finalement on trouve la perle rare, à 20 minutes à pied de l’appartement, il faudra y revenir le lendemain pour laisser le VR.

Le lundi matin, on part tôt Ben et moi, en priant qu’on ne croise pas de voiture de police (on est entre 5h et 11h et clairement, c’est un véhicule étranger, donc on risque une amende de plusieurs milliers de pesos).

On croisera 2 voitures de police mais elles ne s’occupent pas de nous, et on gare le Katameh dans son grand parking. Ouf !

On est bien dans notre appartement de Condesa, la rue est tranquille, mais proche de nombreux restaurants, commerces et transports en commun. Léo a vu que la télé est encore connectée à un compte Netflix, il ne veut plus sortir.

À notre surprise, on se sent très bien dans Mexico, même si c’est différent du reste du Mexique qu’on a vu jusque là. On se déplace en métro, en bus mais surtout à pied. Dans Condesa, Roma Norte ou Chapultepec, les rues sont ombragées, on voit des fleurs partout et je retrouve avec plaisir mon arbre préféré que j’admirais à Buenos Aires : le jacaranda, avec ses superbes fleurs mauves.

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Mexico nous paraît, moderne, vivante, joyeuse. Évidemment nous sommes conscients que nous restons dans des quartiers relativement riches et nous continuons à prendre nos précautions, les vols sont monnaie courante dans la ville.

Autour du Zócalo, on visite la cathédrale, la plus grande église d’Amérique latine.

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On reste plusieurs heures dans le Templo Mayor, autrefois lieu de culte aztèque, aujourd’hui un site d’excavation et un musée qui retracent l’évolution de Tenochtitlán, capitale aztèque et ancien nom de Mexico. Ce qui est assez incroyable et qu’on voit très bien avec une reproduction à l’entrée c’est que le temple a été reconstruit de multiples fois, au moins 7. Chaque fois, il était agrandi pour montrer la supériorité de l’empereur sur ses prédécesseurs.

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On voit bien encore aujourd’hui les différentes couches de pierres.

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En haut du temple, se trouvaient deux autels dédiés aux dieux principaux aztèques : Tlaloc (dieu de la pluie) et Huitzilopotchli (dieu du soleil). Elina a miraculeusement retenu le nom de Huitzilopotchli et se moque de moi qui ai mis plusieurs semaines à réussir à le maîtriser…

Tenochtitlán était une cité lacustre, construite sur un lac. Selon la légende, c’est ici que la prédiction de Huitzilopotchli s’est avérée : les aztèques devaient construire leur capitale là où ils verraient un aigle perché sur un cactus nopal, dévorant un serpent. Tous ces motifs se retrouvent encore aujourd’hui sur le drapeau mexicain.

En 1519, Moctezuma, l’empereur aztèque accueille Cortés avec les honneurs. Il sera fait prisonnier avant d’être tué et c’est la chute de Tenochtitlán, en 1521, qui marque la fin de deux siècles de domination aztèque sur le centre du Mexique.

On se promène dans les quartiers derrière le Zócalo, et on découvre l’art de rue mexicain, ainsi qu’une organisation originale des commerces : les rues sont spécialisées. Par exemple, il y a la rue des blouses, la rue des pharmacies, la rue des chaussures, la rue des jouets de plastique, la rue des accessoires de coiffures et bijoux de pacotille, etc. À chaque fois, les magasins semblent identiques.

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En revenant vers l’appartement, on traverse plein de types de quartiers différents, mais on finit par des jolies places et des terrasses animées, c’est hype Mexico !

Au Parque de Chapultepec, il y a le musée national d’anthropologie, qui mériterait un article de blog à lui tout seul. Ce musée est incroyable et superbe.

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Il retrace les différentes civilisations mexicaines, via l’archéologie et l’anthropologie. Le fait d’avoir visité Tula (toltèques), Teotihuacán (teotihuacanos) et le Templo Mayor (aztèques ou mexicas) avant nous permet de nous repérer un peu mieux. Mais quelle richesse ! Et c’est sans parler des mayas, des mixtecs, des zapotecs, des olmecs… Chaque civilisation nous impressionne par ses richesses et son organisation.

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Un des objets le plus connu du musée est la Piedra del sol, une pierre sculptée de 24 tonnes qui représente le calendrier aztèque, ainsi que leur vision du cosmos.

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On se dit qu’on pourrait passer des jours et des jours dans ce musée sans se lasser.

Un autre musée qui nous tenait particulièrement à cœur, avec Élina, c’est la Casa Azul, la maison bleue de Frida Kahlo à Coyoacán, qu’elle a partagée avec Diego Rivera.

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Depuis toute petite, Élina a décidé que son artiste préférée était Frida, on a lu de nombreux livres, fait des puzzles, vu des expositions sur son art, alors autant dire qu’elle était prête. C’est très touristique (il faut réserver une plage horaire plusieurs jours à l’avance pour l’entrée), et on voit moins de tableaux que ce que j’imaginais, mais on peut toutefois bien imaginer la vie quotidienne de Frida, ses robes magnifiques, son jardin luxuriant, son studio de peinture, sa cuisine et aussi sa souffrance (médicaments, chaise roulante).

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On voit aussi son dernier tableau : Viva la vida !

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On profite aussi de Mexicó pour s’offrir des viennoiseries, quelques sorties au restaurant et faire le plein de pots de mayonnaise Maille miraculeusement découverts dans un Walmart (mayonnaise et cornichons, éléments quasiment indispensables du voyage et pas faciles à trouver!). On trouve aussi une petite librairie française, et on fait le plein de livres pour Élina qui commence à lire de plus en plus. On passe plusieurs heures au marché des artesanias, l’art mexicain est tellement riche ! Même si je dois me retenir du fait de la place limitée dans le Katameh, on finit quand même par acheter des plats, des sculptures d’animaux en bois, des couvertures, des cranes pour Léo, des salières, etc.

C’est aussi à Mexicó qu’on prend la décision de « repartir » vers le Nord. Les régions du Yucatán ou du Chiapas nous tendaient les bras, mais il est déjà début mars, on doit se résigner à faire des choix si on veut pouvoir prendre notre temps pour découvrir l’Ouest américain. Départ donc un vendredi après 11h (on a le droit!) : les autoroutes de l’Ouest de la capitale sont certes chères mais surtout très montagneuses et pentues ! Notre premier arrêt prévu est dans la province du Michoacán : le sanctuario de la mariposa monarca, sanctuaire des papillons monarques.

Chaque hiver, plus de 150 millions de monarques migrent depuis le Nord Est des États-Unis et du Canada vers ces forêts pour se reproduire, plus de 4500 km de voyage ! Les risques de déforestation ont conduit les autorités mexicaines à créer plusieurs réserves, et des infrastructures touristiques pour les admirer. IMG_8809

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Même si la majorité des monarques sont déjà repartis début mars, on en voit des milliers. En particulier, on voit au loin « l’arbre à monarques », un arbre dont les branches ploient sous la quantité des monarques. Sauf ceux qui migrent, les monarques ne vivent pas longtemps, de 2 à 5 semaines. On voit donc aussi beaucoup de cadavres de monarques, ce qui nous permet d’admirer de près leur belle couleur orange.

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La ballade passe par de la forêt et de nombreuses fleurs colorées.

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Le seul inconvénient, c’est la poussière. Le vent, les chevaux nous envoient de la poussière plein le visage constamment. On a du manger un kilo de terre !

Ensuite, retour vers la civilisation et direction San Miguel de Allende, dans l’État de Quéretaro.

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Très belle ville coloniale, c’est aujourd’hui un endroit prisé des touristes et expatriés nord américains, qui représentent plus de 10 % de la population. L’ambiance est donc différente des autres villes mexicaines qu’on a pu visiter, mais on s’y promène avec plaisir, surtout qu’il y a un riche art de rue.

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Mais la ville qu’on a, de loin, préférée dans la région, c’est Guanajuato, dans l’État du même nom. Autrefois la ville la plus riche du Mexique grâce à ses mines d’or et d’argent, c’est maintenant une ville très vivante, colorée, tout en hauts et en bas. On y arrive par le haut, et on découvre tout à coup plein de versants de collines colorées. Autour de la ville - cuvette, serpente une route panoramique, sinueuse et pentue. De là partent de nombreuses rues encore plus pentues, étroites et souvent pavées vers le centre.

Un endroit absolument inadapté pour un VR… On trouve la dernière place d’un «RV Park» (un parking avec des toilettes / douches). Pour y accéder, heureusement qu’on a les indications… il faut sortir de la route de crête, prévenir le propriétaire qu’il bloque la petite rue (pentue!) au trafic, afin qu’on puisse la descendre en sens interdit et s’engouffrer dans son parking. Ça marche et c’est parfait !

C’est donc à pied qu’on part découvrir la ville, en descendant les rues pavées, et en prenant les tunnels. Les anciens miniers avaient construit des tunnels souterrains pour faire passer la rivière sous la ville. Maintenant, la rivière est bien plus profonde, mais les tunnels ont été aménagés et étendus pour piétons et voitures. Rien n’est carré ici, on se perd un peu – avec joie- dans les méandres des rues, des ruelles et des tunnels.

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Guanajuato est aussi la ville de naissance de Diego Rivera, où il passa ses 6 premières années.

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En tout cas, on adore. Léo trouve que les arbres coupés carrés ressemblent à ceux de Minecraft, on se perd dans les ruelles, on écoute des groupes de mariachis sur les places, et on admire les couleurs du coucher de soleil depuis le mirador du Cerro de San Miguel.

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On roule parmi les champs d’agave, jusqu’à arriver à Tequila, un arrêt proposé par Ben. José, le propriétaire de la distileria Puntual a trouvé un bon filon : il propose aux voyageurs en tente / van / VR de passer la nuit dans son jardin et on paye juste pour la visite de la distillerie. Sachant qu’en plus il a une piscine, c’est plus que parfait ! Après un petit plongeon on profite de la visite.

On commence dans les champs d’agave (bio), on passe par la distillerie et on finit par la dégustation au bar ! Les champs sont superbes et la lumière de fin de journée magnifique. On partage notre visite avec 6 motards allemands / suisses / autrichiens et avec un couple de Français vivant à Montréal, Milia et Paul. Vous allez entendre parler d’eux à nouveau...

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Quelques informations sur le processus de fabrication del tequila (un mot masculin en espagnol!)

  • Tequila est une AOC, et ne peut provenir que d'une espèce d'agave bien précise, uniquement cultivée dans l'état de Jalisco.
  • Il faut attendre 9 ans avant de récolter le cœur de l’agave (la piña), qui pèse alors 50-70 kg. Si on attend trop, l’agave met alors toute son énergie pour se créer une fleur et elle meurt ensuite
  • Pendant sa croissance, la plante fait de la multiplication végétative et les bébés sont donc repiqués pour aller former d'autres champs

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  • Une fois récoltées, les piñas sont cuites, puis coupées en petits morceaux, qui sont ensuite pressés, ce qui produit un liquide sucré et visqueux, qui est l'élément de base de la fabrication de tequila.
  • Le sirop est ensuite mis à fermenter à l'aide de levure naturelle. Idéalement, le liquide s'imprègne des phéromones des fleurs d'agrumes qui poussent à côté de la distillerie, raison pour laquelle la production se fait une fois par an, au printemps.
  • Après la fermentation, le liquide est distillé deux fois et le résultat final est « el tequila blanco », la base des cocktails.
  • Du tequila blanco on peut tirer le "reposado" (vieilli 6 mois en barrique de chêne blanc) et le "añejo" (1 an), puis finalement on peut faire durer le plaisir et faire du "extra añejo" (plusieurs années en barrique)

La visite se termine évidemment par un moment d'une grande convivialité: la dégustation! On a testé le blanco, le reposado et le añejo, et on a fini par un cocktail local, le cantarito, à base de jus de pamplemousse, orange, lime et citron + épices & sel sur le bord du récipient (qui collent grâce au jus de lime dont on aura préalablement enduit le bord), un verre de tequila blanco et le tout arrosé d'une boisson gazeuse au pamplemousse. Pas mal !

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A tester lors des soirées mondaines : selon José, si une tequila pique le nez / les yeux c'est que les champs d'agave dont elle provient ont été traités au glyphosate, l'herbicide tristement connu de Monsanto. Maintenant, on porte systématiquement notre verre sous l’œil pour tester !

Court arrêt à Tepic qui ne nous impressionne pas beaucoup, après Guanajuato, on est devenus très difficiles pour apprécier les villes mexicaines… Le lendemain direction Mazatlán, port des ferries qui partent vers la Baja California, notre prochaine destination.

En lisant et relisant les commentaires en ligne, on a vu qu’il y a régulièrement un faux checkpoint sur la route vers Mazatlán dans l’État du Sinaloa, où des « officiels » s’appliquent consciencieusement à dérober quelques sous aux touristes. On s’était préparé : on n’a quasiment plus de cash, on a acheté du coca (un commentaire disait que parfois ils voulaient juste du coca et des chips) et on se prépare à la rencontre avec le faux check point. En effet, les hommes arrêtent toutes les voitures, ils ne sont pas vraiment en uniforme, mais ils ne sont pas armés non plus. Les premières questions sont habituelles : d’où venez-vous, où allez-vous, mais ensuite le préposé nous demande de nous ranger un peu plus loin pour une courte inspection, en faisant un geste de la main vers l’avant. Ben, dans un moment magique, fait style qu’il ne comprend pas l’espagnol et donc que ce geste signifie qu’on peut y aller. Il démarre et on avance doucement, mais sans s’arrêter. Personne ne nous suit ou ne nous stoppe, tout va bien !

On aura plusieurs tristes confirmations plus tard : l’employé du péage suivant nous confirme que ces « federales » essayent de prendre de l’argent aux gens, et une jeune famille américo-canadienne s’est fait voler des dollars cachés dans le paquet de couches du bébé. Au final, il ne s’est pas passé grand-chose pour nous, mais c’est la première fois depuis qu’on est au Mexique qu’on se sent dans un endroit hostile.

On arrive finalement à Mazatlán mais, après une longue attente particulièrement inefficace, on nous confirme qu’il n’y a pas de place sur le ferry. On prend donc des places pour deux jours après et on s’engage vers la ville et ses plages. Nos nuits à Mazatlán auront été très bruyantes, clairement certains mexicains aiment sortir le week end avec des amis en voiture, et utiliser leur voiture comme sono, À FOND. Mais on profite bien de la plage et des couchers de soleil.

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J’ai même pu déguster un délicieux ceviche de crevette frais. C’est comme des vacances à la plage !

Finalement, on monte sur le ferry, direction la Baja California !

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Marianne

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