Le 28 mars, jolie marche autour de las Tres Virgenes, même si on la commence à la pire heure : midi et demie. C’est toujours un peu tendu le matin, le lever, petit déjeuner, vaisselle, rangement, école pour les uns, saxo pour les autres, on finit toujours par être prêt plus tard que ce que j’espérais.
Donc là, on part quand le soleil est au plus haut et chaud - mais on emmène plein de gourdes, quelques barres de céréales (des « barres tendres » en québecois) et de la crème solaire… Les conditions ne sont pas idéales mais la balade de 8-9 km est très sympa : on voit des cactus par centaines, les vues sur le volcan sont superbes, et on peut s’arrêter devant une grande coulée de lave.


Certains cactus candélabre sont gigantesques, de véritables arbres !
On part ensuite pour San Ignacio, une oasis dans ce paysage désertique.
Encore une fois la mission jésuite, San Ignacio de Kadakaamán, est superbe.
Ouverte entre 1728 et 1840, elle a été construite avec des blocs de lave venant des Tres Virgenes. Dédiée à Saint Ignace de Loyola, elle donne sur la place principale du village.

Mais San Ignacio est surtout connu pour être le point de départ d’excursions pour voir des baleines dans la Laguna de San Ignacio. Est-ce qu’on va enfin en voir ?
Après s’être renseigné pour une sortie pour le lendemain, on se pose dans un petit camping, Léo fait son cours d’histoire avec son prof (depuis le début de l’année scolaire, c’est le rendez-vous des mardis soirs), et puis on s’attable à la terrasse d’un restaurant sur la place principale.
Par rapport au matin, les conditions sont maintenant idéales : il fait bon, un petit vent, pas de moustiques, une magnifique lumière, de bonnes margaritas, un bon repas…

Le lendemain, lever à l’aube et direction la Laguna de San Ignacio. Ce n’est pas très loin, une cinquantaine de km, mais les 20 derniers sont uniquement faits de « terracería », une route de tôle ondulée sur laquelle on ne peut dépasser les 15 km/h. C’est sec et aride à nouveau, on voit des lacs salés et des flaques rouges.
On arrive finalement au camping de Kuyima, une des agences qui organise les excursions.
On partage notre petit bateau avec une famille d’américains. Le capitaine ne nous donne pas beaucoup d’informations, mais nous approche habilement de la zone où nous pouvons espérer voir des baleines grises.
Les baleines grises viennent dans cette zone passer l’hiver et mettre bas. Si la majorité est déjà repartie vers le Nord, il reste quelques couples de maman / bébé baleine. Le « bébé » pèse déjà la bagatelle de 700 kilos !
On commence par voir des pélicans.
On n’attend pas beaucoup avant de voir des baleines se rapprocher du bateau.


C’est comme si elles voulaient s’amuser avec nous, elles passent sous le bateau ou le longent. Pour les faire approcher, on nous avait conseillé de faire des clapotis avec nos mains dans l’eau, alors on met souvent la main à l’eau. La petite fille de la famille américaine est en extase totale, elle veut « kiss a whale », se demande comment elle pourrait offrir un anneau de mariage à une baleine «marry me ! », à un point tel que Léo trouve qu’elle exagère un peu trop. Mais ce n’est pas l’important de cette excursion : on a la chance d’avoir des baleineaux qui s’approchent du bateau à un point tel qu’on peut les caresser. Une expérience magique, c’est doux, majestueux, émouvant. On ne leur donne évidemment pas à manger, mais elles s’approchent sans jamais toucher le bateau, comme si elles étaient curieuses de nous. On aura tous réussi à les toucher au moins une fois, une chance, selon le capitaine.


On quitte la Laguna tout émerveillés, et c’est reparti pour la route de tôle ondulée. Heureusement, on peut admirer le Cerro Tres Virgenes de l’autre côté. Le petit arrêt pour admirer les flaques d’eau rouge s’éternise, Élina ayant marché dans une épaisse boue noirâtre qui a du mal à partir de ses pieds et de ses tongs…
On arrive juste avant le coucher du soleil à une belle plage venteuse, sur la côte Nord de la Laguna San Ignacio.
On voit des dauphins qui sautent devant nous.

Heureusement, le vent se calme une fois la nuit tombée et nous pouvons passer une bonne nuit.
Le lendemain, Ben fait une super pratique de saxo, parmi les dauphins et même un phoque curieux du raffut sonore.

Puis on reprend la route vers le Nord, et on s’arrête pour le soir au bord d’un lac salé, on est tout seul.

Ça nous rappelle le désert d’Uyuni en Bolivie (toutes proportions gardées!).
On se promène au coucher du soleil sur le salar et on trouve des centaines de petits coquillages en forme de cône, on en profite pour faire une petite offrande à Pachamama.
Puis c’est reparti pour la route, cette fois-ci on quitte la province de « Baja California Sur » pour entrer dans celle de « Baja California ».
Grosse journée de route. Le checkpoint militaire entre Baja Sur et Baja passe super bien, surtout que, miracle, ça y est, on a enfin un mexicain qui trouve qu’on parle bien espagnol et qui nous le dit !
La route repart du côté de la mer de Cortés, on voit encore d’autres types de cactus et de fleurs, c’est désertique et photogénique à souhait.
On s’arrête dans un petit camping rempli de touristes mexicains, La Poma, le long d’une plage.

Le fond de l’air nous paraît presque frais, on s’était habitués à plus de chaleur dernièrement!
Le 1er avril, c’est confection de petits poissons en papier, enfin on utilise quelques unes des centaines de petites feuilles qu’Élina nous avait fait acheter en Louisiane !
En s’approchant de San Felipe, l’ambiance change : c’est un rally de moto cross / buggy. Plein de monde le long des routes, on fait même « la course » avec une moto à un moment. Le pilote avance sur une étroite piste de sable à une vitesse folle, l’arrière de sa moto chasse tout le temps, c’est décidément très technique. En tout cas, l’ambiance est festive et joyeuse, et les rues sont bondées. Heureusement, nous sommes à contre-courant du flot des voitures de fans et pouvons traverser la ville sans top d’encombres.
Ensuite, nous avons retraversé toute la Baja en large vers l’Ouest pour revenir du coté de l’océan et nous rapprocher del Valle de Guadalupe.
Évidemment, on passe par des zones montagneuses. La route est jolie, même si étonnamment en mauvais état alors que c’est une des routes principales ; il y a d’énormes nids de poule par endroits, ce qui n’empêche pas les voitures de rouler vite, et d’éviter ces nids de poule au dernier moment (donc en faisant des écarts imprévus), Ben est concentré à l’extrême.
La route redevient meilleure quand on se rapproche d’Ensenada. On ne passe pas par la ville et on file tout droit dans la vallée de Guadalupe, on avait goûté quelques vins de Baja et on était curieux d’en savoir plus avant de quitter le Mexique.
Changement radical de climat, tout est vert, frais, voire même boueux et humide. De fortes pluies ont fait des dégâts, on passe par une route à moitié inondée, et le camping qu’on avait choisi avait subi une coulée de boue qui nous a fait hésiter à rentrer. Finalement, tout se passe bien. On peut se garer dans un emplacement du camping (qui offre une chambre en forme de bouteille, il paraît que « dormir dans une bouteille » est sur la bucket list de beaucoup de gens!) et même profiter de la soirée pour aller faire un tour, à pied, au bar / café à coté, le bloodlust, un grand bar super trendy en forme de gousse d’ail. On a l’impression d’être dans un autre pays, il fait frais (froid?), les gens sont super bien habillés (pas nous!) et on prend une dégustation de vin dans un bar hype avec de la musique lounge à fond… On ne reste pas trop longtemps et on finit par un bon plat de pâtes dans le Katameh.
Le lendemain matin, on s’est levés presque à l’aube pour aller tester, excusez du peu, le meilleur petit déjeuner du monde. C’était proche de notre camping, donc on y est allés à pied. Le propriétaire du camping nous avait prévenu que les chiens des voisins pouvaient aboyer, mais là, un des chiens a même mordu Ben qui était un peu en arrière par rapport à nous ! Pas terrible pour commencer la journée, surtout que depuis notre arrivée au Mexique, tous les chiens étaient plutôt extrêmement gentils et doux.
Heureusement, la morsure n’était pas profonde, et on arrive au resto de Doña Esthela avant la foule, donc on peut s’installer dehors sans attendre (et en effet, à notre départ la file d’attente était longue).
Alors, est-ce le meilleur petit déjeuner du monde ? Je ne sais pas, mais on s’est régalé, les plats étaient savoureux (et comme d’habitude très copieux).


On retourne vers le camping armés de cailloux et on reste bien ensemble, mais cette fois-ci, le chien ne bouge pas. Le propriétaire du camping est désolé et nous explique que la propriétaire de ces chiens n’habite en général pas ici, donc ces chiens ne sont pas assez nourris, il va s’en plaindre.
Dans l’après-midi, on veut aller visiter quelques bodegas, mais sans le Katameh, pour que Ben puisse profiter des dégustations et que le Katameh ne s’embourbe pas...
On essaie alors de prendre un Uber (il n’y a pas de taxi), et une voiture vient nous chercher à peine quelques minutes plus tard, parfait. On passe tout le trajet à discuter, la conversation est très agréable, il nous dit quand même que c’est très rare les Uber dans ce coin.
Il nous emmène à Château Camou, et on goûte des vins absolument délicieux. Les prix étaient quand même assez élevés (60 USD pour la meilleure bouteille de notre dégustation), on ressort un peu pompettes mais ravis de notre visite.


On marche 4 km pour aller à une deuxième bodega, Adobe Guadalupe, où on arrive juste à temps pour faire une deuxième dégustation. Un peu moins bien, mais néanmoins très plaisant.

Le problème a été de rentrer au camping. Uber ne donne absolument rien. A pied, cela aurait fait 2h de marche, et on serait arrivés avec la nuit, alors que les routes ne sont pas faites pour des piétons, ça nous paraissait trop dangereux. On essaye de recontacter notre chauffeur de l’après midi mais il ne répond pas. Finalement, le gardien de nuit de la bodega nous a trouvé une solution locale, et quelqu’un nous a gentiment ramené jusqu’à notre camping. Encore une discussion très sympathique et plein d’informations sur la région.
Ce qui m’a surpris le plus, c’est que la majorité des raisins des vins del Valle de Guadalupe ne poussent pas dans cette vallée, mais à environ 50 km plus loin, au Sud d’Ensenada. La vallée contient en fait les bodégas, les hôtels et toutes les attractions touristiques, mais pas l’ingrédient principal !
Le lendemain, c’est passage de frontière. On n’est pas trop stressés, le propriétaire du camping nous disait qu’à Tecate, c’était assez tranquille, jamais plus d’une heure et demie d’attente. Il n’empêche, les douaniers américains étant ce qu’ils sont, on range tout, on lave tout, on se fait tout beaux, on prépare tous les papiers qui montrent qu’on ne veut pas travailler illégalement aux USA, etc...
C’était pas si simple qu’on pensait…
D’abord, trouver la file nous a pris quelques temps et fait quelques sueurs froides, on ne s’était pas dirigé vers le bon endroit et on se retrouvait à prendre des rues étroites dans lesquelles on passait à peine. Une fois dans la file, on se rend compte qu’on devait faire des papiers AVANT de faire cette file, donc on repart vers le centre, heureusement un gardien nous invite à (mal) nous garer devant le centre et on fait nos papiers, puis on repart dans la file. Il est déjà 16h et la file paraît longue. On a appris que c’était le début des vacances de Pâques au Mexique (je pensais que ça commençait quelques jours plus tard) et donc on passe la frontière vers 19h, non sans avoir longé "the wall"...


Le passage de frontière se passe plutôt bien, ils nous font jeter juste nos œufs mais surtout ils nous confirment qu’on peut rester a priori un autre 6 mois aux États-Unis. En tant que canadien, on entre aux États-Unis sans visa et on peut rester 6 mois. On y est déjà resté 3 mois et demi entre octobre et janvier. Mais donc, c’est 6 mois sur 12 ? 6 mois à partir de la première entrée (on devrait quitter les US fin avril?) ? Le compteur se remet à zéro quand on repasse la frontière ? Nos recherches sur le sujet sont infructueuses, personne ne semble d’accord et on dirait que les règles changent selon les personnes. Bon, le douanier n’avait pas l’air trop sûr de lui non plus, mais on pourra toujours dire si on a un problème que le douanier à la frontière mexicaine nous a dit qu’on pouvait rester encore 6 mois…
Deux mois au Mexique, Ben a eu raison de pousser pour cette aventure, cela aurait été dommage de ne pas en profiter. On s’est sentis très chanceux de pouvoir passer ces 2 mois, de rencontrer des Mexicains, d’admirer ce superbe pays. On ne s’est jamais sentis en danger, on n’a rencontré que des gens extrêmement gentils et fiers – mais aussi extrêmement désabusés sur l’état de leur pays, sans aucune confiance dans leurs représentants politiques ou policiers. On ne peut qu’espérer que petit à petit la situation puisse s’améliorer, moins de corruption, moins de violence, moins de trafics…
En attendant, en tant que touriste, Mexico est un endroit magnifique, le « dernier endroit où on peut être libre » selon plusieurs immigrés gringos installés au Mexique.
Viva Mexicó !
Et maintenant, la Californie et les grands parcs de l’Ouest nous attendent, une partie qui nous faisait rêver depuis le début du voyage !
Comments
Written on Thu, 21 Dec 2023 17:57:45 by Sonyaren
Written on Sun, 10 Dec 2023 22:33:33 by Sonyaren
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