Une fois montés sur le ferry, on va directement voir la réception : peut-on se mettre sur la liste d’attente pour avoir une chambre ? En effet, les réservations étaient telles à cette saison qu’aucune chambre n’était disponible, donc nous nous apprêtions à passer la nuit dans le « salon », sur des sièges qui peuvent un peu s’incliner, comme une nuit en avion.
Il est 15h30, le ferry part à 17h30, et là, surprise : le dîner est servi dans la cafétéria, il sera disponible jusqu’à 17h et après, fini, jusqu’au petit déjeuner. Dommage, on venait de manger notre repas du midi !
On admire le coucher du soleil alors que le ferry s’avance lentement, on part pour 14h de voyage, la mer de Cortés est large et on remonte vers le Nord pour atteindre notre destination de Pichilinque, proche de La Paz, la capitale de la Baja California Sur.

On entend ensuite un appel bizarre « Elisabeth Laurence » devrait aller à la réception. Je n’étais pas vraiment sure d’avoir bien entendu, et je ne m’attendais pas à me faire appeler par mes 2 seconds prénoms mais dans le doute, j’y vais, et là, miracle, une chambre pour 4 est libre, trop bien! (en plus, il y a même une douche, c’est vraiment le luxe!)
On passe du temps sur le pont, dans notre chambre, dans la cafétéria pour un petit en-cas nocturne, et on regarde les voyageurs danser, les stars étant un groupe de motards aux longs cheveux argentés et des mamies qui se trémoussent au son des mélodies chantées par un couple de gentils organisateurs. C’était joyeux et festif, mais on a décidé de profiter de notre cabine et de se faire une bonne nuit.
Arrivée matinale à la Paz, Ben subit la fouille des militaires du Katameh pendant que je sympathise avec une artiste québecoise qui galère avec ses deux petits (un petit plein de fièvre, l’autre qui fait pipi dans ses 2 caleçons…), c’est mignon les petits mais c’est aussi cool d’avoir des enfants un peu plus grands !
On ne s’arrête à la Paz que pour acheter l’essentiel : des tortillas (pour se faire des burritos) et des totopos (pour faire des nachos / guacamole).

On vise une plage au bord de la mer de Cortés : La Ventana.
La route pour y aller est encore magnifique, la mer de Cortés, des cactus saguaro, quelques montagnes désertiques..
On trouvera finalement une place dans un petit camping del Sargento, une plage connue pour le kite-surfing.
De temps en temps on entend des cloches : ce sont les vaches du voisin qui vont faire leur promenade sur la plage.
On passe 2 jours à se reposer.
Le matin, il n’y a pas de vent. La plage est vide, on peut se baigner et se promener, quasiment seuls. Vers midi le vent se lève et la plage se remplit de dizaines et de dizaines de kite surfers. Nos voisins sont albertains, de Colombie-Britannique ou du Nord-Est des États-Unis, ils viennent passer l’hiver dans ce petit coin et pratiquent quotidiennement le kite-surf. Pas mal comme retraite !
En revanche, c’est un peu étrange, on croise beaucoup plus d’américains ou de canadiens que de mexicains ! Les gens nous disent bonjour en anglais quand on se croise sur la plage. On nous avait prévenu que Baja était un peu comme une extension des États-Unis au Mexique, mais à ce point-là ?
Enfin, on se baigne, on se promène sur la plage, Ben et Élina font un fort en sable, et on se fait même une petite soirée au resto avec Ben (le resto était collé à notre camping, Léo pouvait même voir certains clients sur la terrasse aux jumelles!), petite soirée qui s’arrête plus tôt que prévu, leurs margaritas étant tellement chargées qu’au bout d’une et demie chacun, on était complètement saouls !
Avant de partir, on remplit notre réservoir d’eau. On a décidé de ne pas prendre de risques pour l’eau au Mexique: On utilise uniquement de l’eau minérale… ce qui demande une certaine logistique : l’achat d’un garafón (20 litres), qu’on échange dans des stations service, ou, plus souvent, qu’on remplit dans des distribuidores de agua. Remplir notre réservoir demande de vider 4 ou 5 garafones d’eau par un petit trou : Léo tient l’entonnoir confectionné maison, pendant que Ben vide, l’un après l’autre, les garafones de agua. Ainsi on a toujours de l’eau potable dans le réservoir, c’est peut-être un peu plus contraignant mais moins risqué pour notre santé !
Arrivée en fin d’après-midi en soirée à los Arbolitos, une plage recommandée par des voyageurs croisés à Guanajuato, dans la réserve naturelle de Cabo Pulmo. On peut diviser la route pour y aller en 2 parties :
- une première partie asphaltée, mais avec quelques montées / descentes assez impressionnantes
- une deuxième partie un peu rough pour le Katameh, avec beaucoup de tôle ondulée, on fait du 15-20 km/h, et lorsqu’on croise, il faut se dépêcher de fermer les fenêtres sous peine d’être ensevelis de poussière
Le virage final en descente vers le camping / plage est extrême, la remontée nous fait déjà angoisser, mais quel endroit magnifique !
Une petite plage de sable entourée de rochers, des poissons de toutes les couleurs, par centaines.

On se fait une petite baignade au coucher du soleil.
Avec le masque, Ben voit même une gigantesque raie ! L’endroit est connu des amateurs de plongée, beaucoup ont leur palmes, combinaisons et tubas, on voit même un photographe professionnel avec tout son matériel pour prendre des photos sous-marines.
On peut aussi se promener le long de la plage, et on va admirer au petit matin la plage des « œufs de dinosaures », plein de gros cailloux tout ronds. Malgré nos efforts, on arrive après le lever du soleil et on ne voit pas de baleine, mais la mer et les couleurs sont juste superbes.

Départ de los Arbolitos. Élina m’accompagne en haut du virage fatidique, histoire qu’on arrête les éventuelles voitures qui voudraient passer avant qu’on remonte. Léo s’installe au poste de co-pilote et Ben passe la 1ère et donne une bonne accélération pour monter le virage… Le moteur hurle, le Katameh fait des bonds, la soute des affaires scolaires s’ouvre et déverse tout son contenu sur la banquette (heureusement qu’Élina et Léo n’y étaient pas) mais on passe !
On continue tout doucement (moyenne 16 km/h!) sur la route de tôle ondulée avant de retrouver l’asphalte.
Toujours suivant les recommandations de nos amis, on se dirige maintenant vers une autre réserve, celle de Sierra la Laguna, dans les montagnes. Eh oui, Baja n’est pas que plages, plusieurs massifs montagneux la traversent !
Les voyageurs se donnent le mot pour aller jusqu’au Ranch San Dionisio, tout au bout de la route. Je doute plusieurs fois de notre capacité à arriver, la route de terre est sinueuse, pentue, certaines branches d’arbres sont basses et grattent le toit de notre VR, mais on arrive finalement au Ranch.

Le Ranch San Dionisio, c’est un couple de voyageurs (rencontrés sur la route, 8 ans de voyage ensemble!) qui décide de s’installer au bout du monde et de créer un petit coin de paradis : un grand verger d’arbres fruitiers, un potager disponible pour tous les voyageurs (délicieuses salades, tomates et herbes fraîches), une grande cuisine communautaire, un espace pour faire un feu et susciter des conversations imprévues, des petits cookies à l’avoine tout chauds au petit matin, c’est vraiment un endroit de rencontres, de discussions. D’ailleurs, on discute avec un peut tout le monde, surtout avec des touristes mexicains de La Paz : un couple de retraités qui revit sa lune de miel et qui partage avec nous leur bidoche (Léo est aux anges, et la viande spécialement délicieuse) et une jeune famille qui nous confirme que La Ventana, c’est bien gringolandia, mais que le reste de Baja n’est pas autant américanisé.
Au matin, on part se promener dans les hauteurs, le long de la rivière puis dans la rocaille. Le climat est désertique, on voit de nombreux cactus, mais aussi de grands manguiers et figuiers aux larges troncs. On monte, puis on descend parmi les roches, on arrive à de petites piscines d’eau. L’eau est gelée mais vu la chaleur extérieure, on est contents d’y faire trempette.

On voit le propriétaire du camping courir de roche en roche avec son chien, c’est son footing quotidien, j’aimerais bien avoir une telle forme physique à son âge !
Ensuite, on se dirige vers la pointe Sud de la péninsule, deux stations balnéaires, San José del Cabo et Cabo San Lucas, collectivement appelées « los Cabos ». On voulait aller « au bout », comme tous les différents « bouts du monde », Ushuia, le cap de Forillon, Key West…. Mais finalement on n’y reste moins d’une journée, nous voilà de retour à Gringolandia, plein de voitures, des prix affichés en dollars, des complexes hôteliers plus moches les uns que les autres, des touristes à gogo, tout le monde nous parle en anglais, on fuit !

Surtout qu’on va retrouver Paul et Milia, qu’on avait rencontrés à Tequila. Nous voici donc posés pour 2 jours à Los Cerritos, une plage de surfeurs au bord du Pacifique.


On enchaîne balades sur la plage, baignades, apéros et parties de tarot endiablées.

Paul offre à Léo sa première leçon de surf, il arrive bien à se mettre debout sur la planche et adore ça !
Et c’est aussi à Los Cerritos que Élina et Léo récupéreront leurs nouveaux surnoms : « Courgette » pour Élina, et « Patate » pour Léo…
Ben offre à tout le monde de délicieuses galettes de sarrasin, et on essaye nos premières margaritas maison, mouais, un peu trop de tequila, on peut sûrement faire mieux, Ben se donne pour mission d’apprendre à comment bien les faire.
On se promène le long de la plage, à la recherche de baleines. On voit bien de loin quelques jets d’eau, mais pas de proche baleine à l’horizon… est-ce qu’on aura la même (mal)chance avec les baleines qu’avec les orignaux ?
On dit au revoir à Paul et Milia et on repart vers La Paz, pour accomplir toutes nos petites contraintes (remplir de l’eau en garafon, faire des courses, le dump…), on se trouve un petit camping tenu par un couple mexico-américain qui a une petite piscine. Élina est ravie et en profite pour nager, nager, nager…
On est encore à 1500 km de la frontière avec les États-Unis, c’est long la Basse-Californie !
On part plus tard que prévu plein Nord, la route est désertique mais superbe, on peut parfois voir l’océan de loin, puis à nouveau la mer de Cortés.
On s’arrête pour la nuit dans un endroit très improbable, imaginez une très belle marina pour bateaux, puis un quadrillage de routes en super état, mais avec rien autour ou dessus, pas de maison, pas de magasin, rien, juste des larges routes bien droites qui se croisent. Comme si quelqu’un jouait à Sim City et commençait par mettre des routes avant toute autre construction…
Le lendemain, on part faire une petite marche au Tabor Canyon, on marche dans la rivière qui devient de plus en plus étroite. C’est toujours ce genre d’aventures qu’Élina et Léo préfèrent, même si sur ce canyon, certains passages étaient un peu délicats pour Élina. Dans tous les cas, on est sagement restés en bas de la paroi qui demandait clairement des compétences et du matériel de grimpeur.

Mais l’humeur était joyeuse et on a fini par prendre notre lunch tardif dans le café-terrasse de la marina, délicieux.
Avant d’aller à Loreto, on fait un détour par la montagne, vers la mission San Javier. Le spot pour la nuit est magnifique, on a une vue imprenable sur la montagne et la mer, on ne se lasse pas de l’admirer…
La mission de San Francisco Javier Viggé Biaundo est superbe. Perdue dans la Sierra Biaundo, elle a été fondée par un missionnaire jésuite, le padre Piccolo en 1699. Lui et le père Juan de Ugarte, ont créé des chemins, introduit l’agriculture, l’irrigation et les rituels religieux aux populations autochtones, les cohimies, guaycuras ou pericues.
L’église a été construite entre 1744 et 1758 ; si les pierres venaient d’une proche carrière, le retable en bois est arrivé en pièces détachées depuis le centre de Mexico, et reconstruit sur place.
En tout cas, l’église s’intègre magiquement dans son environnement. À l’intérieur, certains mots sont sculptés dans la pierre, on essaye de les déchiffrer mais sans comprendre leur sens (SIGNA, SPABI…?)
Le lendemain, on dort en ville et on visite la mission principale de la région, Nuestra Señora de Loreto de Conchó, dans le joli cœur piéton de Loreto.

Toujours direction plein Nord sur une route superbe (la Baja California est parfaite pour un road trip!), on s’arrête sur un camping-plage, la playa del Requeson, petit banc de sable avec une île en face.

On se baigne, on marche sur l’île sur laquelle on peut accéder à marée basse, on essaye de voir des baleines (toujours pas….), Ben se fait une super pratique de saxo. L’endroit est touristique mais joli.
C’est l’anniversaire de Ben, Élina lui offre une jolie carte préparée en secret, on cherche sans succès un bon resto, ou une bonne boulangerie, on finit par dégoter quelques muffins qui feront l’affaire pour poser les bougies.
On quitte la mer de Cortés et on file vers l’Ouest, on monte sur un haut plateau,
revoilà les cactus et paysages désertiques, et on s’arrête dans un endroit désert, venteux mais superbe, avec une vue sur los 3 Virgenes, de beaux pics rocheux. et anciens volcans.
On se promène parmi les cactus
Une petite bouteille de merlot, quelques bougies sur des muffins, bon anniversaire Ben !
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