Levés vers 8h. Marianne a encore pris son café toute seule face à las barrancas, plus ça va plus les enfants prennent la tête pour se lever le matin. Pendant le ptit déj' il est rapidement devenu évident qu'il allait y avoir beaucoup plus de monde sur le site aujourd'hui, un samedi. Le parking n'arrêtait pas de se remplir.. jusqu'à ce qu'on se fasse enfermer par quatre ou cinq bus scolaires. Marianne a commencé à stresser qu'on soit coincé et qu'on ne puisse pas repartir mais ce ne fut pas le cas. Élina, Léo et Marianne sont partis faire un tour des stands d'artesanias pendant que je finissais les préparatifs de départ et quand ils sont rentrés, on a démarré le moteur et pouf! une minute plus tard deux bus et un van étaient en train de manœuvrer pour nous ouvrir la voie.
L'objectif aujourd'hui était de faire la route jusqu'à Batopilas, un "pueblo mágico" comme ils disent.. je ne sais pas encore trop bien ce que cela signifie exactement. En repassant à Creel on avait deux objectifs secondaires: 1. trouver une solution pour vider nos réservoirs d'eaux noires et grises, 2. faire des mini courses de ravitaillement. Pour l'objectif numéro 1 on a essayé:
- la station service à l'entrée de la ville (niet),
- ensuite on a passé pas mal de temps à essayer de trouver un chemin sur lequel on pourrait passer avec le Katameh pour se rendre à la station d'épuration des eaux de la ville, mais rien à faire, par les deux chemins possibles il fallait traverser une rivière à gué, dans le premier cas ça semblait pas du tout une bonne idée, dans le deuxième cas la personne à qui on a demandé conseil nous a dit que la route était pas vraiment adaptée pour notre véhicule et que de toute façon, aujourd'hui samedi, il n'y aurait personne à la station pour nous ouvrir et s'occuper de nous.
- on est donc retourné à l'hôtel Villa Mexicana qui est aussi un ancien camping et qui d'après le site sanidump possédait une station de vidange, mais niet encore, le personnel de l'hôtel m'a dit que le camping ne fonctionnait plus depuis longtemps et que la station de vidange était bouchée. Argh.. tout ce petit monde n'avait aucune suggestion pour nous aider.
On est donc passé à un petit supermarché pour s'occuper de l'objectif numéro 2.
Ceci fait on a pris la route pour Guachochi, et on s'est arrêté sur le bord de la route pour manger des burritos vite fait (on a juste fait chauffer les tortillas et mis un mix de nos restes de la veille dedans en y rajoutant un avocat, Léo a déclaré que c'était peut-être encore meilleur comme ça).
Avant de repartir, l'endroit étant désert et loin de toute habitation, j'ai décidé de passer au plan B concernant l'objectif numéro 1, i.e faire ce que les autres voyageurs en camping car font au Mexique dans ce genre de situation (d'après mes nombreuses recherches et lectures sur le sujet sur internet la veille au soir): la vidange sauvage. Après 5 mois de voyage au Canada et aux US où faire un truc pareil m'aurait paru vraiment sale (il y a beaucoup de station, faut faire preuve de mauvaise volonté pour ne pas y arriver), ça fait un peu bizarre d'en arriver là, j'me sentais pas super fier. Cela dit, j'vais pas en faire une maladie non plus, franchement après cette vidange il ne restait plus que quelques morceaux de crottes dans un fossé.. quand on voit la quantité invraisemblable de déchets qu'il y a partout au Mexique, sans parler des déjections animales qui sont aussi partout, ben finalement cette vidange ça semble bien peu de chose. Je note quand même au passage (parce ce que cette fois c'était bien visuel.. et olfactif) que le papier toilette spécial VR/Marine ben c'est pas du flan, tout est dissous il ne reste rien. Autre remarque au cas où des non initiés me liraient: faut aussi savoir que quand on vidange, on fait eaux noires d'abord, puis ensuite on "rince" avec les eaux grises (et quand ça se passe bien le tuyau de vidange est quasiment "propre" à la fin de l'opération), et donc là dans ce cas présent c'est comme je disais un peu plus haut: il ne reste quasiment plus rien à la fin, à part quelques crottes au fond d'un fossé, je m'étais imaginé un résultat beaucoup plus dérangeant.
Ensuite on a roulé roulé, monté monté, pris l'embranchement pour Batopilas et finalement arrivé dans le tronçon final du parcours, celui où il nous fallait descendre dans le fond d'un canyon et ensuite faire quelques kilomètres le long de la rivière afin d'arriver au "pueblo mágico".
On nous avait prévenu que la route, pourtant refaite récemment, était mauvaise sur la fin, pendant cette fameuse descente donc, mais je m'attendais pas à ça: c'est comme s'il n'y avait aucune maintenance, des bouts de montagnes entiers sur la chaussée, qui du coup se réduit plusieurs fois à une voie, voire se déporte sur un remblais sur le côté, mais surtout, ces fameux "wash out" tels qu'indiqués sur iOverlander.
Sans parler du fait que ça descend fort, avec notre poids, même en première j'étais obligé de freiner fréquemment pour pas prendre trop de vitesse, les freins chauffaient de plus en plus, ça commençait à sentir fort le cramé et les freins qui surchauffent quand on est arrivé devant le premier sérieux "wash out". On s'est arrêté pour évaluer la situation à pied et aussi pour laisser refroidir un peu les freins: dans les dernières 15-30 de secondes avant d'arriver là je commençais à avoir l'inconfortable sensation que ça ne freinait plus aussi bien qu'au début de la descente.
À cet endroit la "route" était complètement défoncée, très en pente, quinze ou vingt mètres avec des bosses bien profondes, avant d'arriver dans un virage serré, ensuite ça allait mieux, même si c'était pas fameux (route complètement défoncée aussi mais au moins c'était beaucoup moins pentu). Franchement je pense que c'était faisable, mais j'avoue, j'étais pas du tout à l'aise.. avec mes freins en surchauffe, ces mégas bosses dans la grosse pente, pas d'adhérence avec ce sol poussiéreux et caillouteux, j'nous voyais déjà en train de commencer à déraper et finir pas s'encastrer dans le virage en bas.. sans parler des bosses irrégulières qui faisait qu'on aurait été obligé de passer super lentement pour pas tout casser, le pied sur le frein pendant tout le passage.. si je perdais mon freinage là dedans c'en était fini du Katameh. Nous je pense qu'on aurait survécu, mais le Katameh je pense qu'il aurait été bien amoché voire foutu.
Les autres points qui me taraudaient étaient que:
- même si on passait sans casse ce passage, quid de la suite? passer par là pour devoir rebrousser chemin plus loin devant un autre "wash out" encore pire que celui ci, c'était moyennement engageant comme perspective,
- mais surtout, ce qui me faisait gamberger encore plus c'était que, descendre bon, on y serait possiblement arrivé, d'une manière ou d'une autre (glups), mais une fois en bas, quand on quitterait Batopilas il nous faudrait remonter par là (il n'y a qu'une seul route possible pour notre véhicule). Et repasser ce "wash out' en montée, j'étais encore plus mal à l'aise.. en 4x4 je me serais pas posé de questions et j'y serais allé (en mode 4x4).. mais en camping car de plus 4t avec mes pneus route, j'le sentais mal.
Je pense que c'était possible, dans un sens comme dans l'autre, de passer sans casse.. mais je sais pas, j'ai pas eu envie de "parier" le reste du voyage sur un truc aussi foireux.. on se serait planté là dedans, ça aurait été trop dommage.. et tout le monde m'aurait dit avec raison que j'avais été bien bête. Donc j'ai renoncé, Marianne était complètement d'accord, on a fait demi tour et on est remonté.
On s'est arrêté dans un bout de terrain dans le creux d'un virage en haut de la montagne. On est un peu caché et complètement en sécurité, quant à la circulation tout du moins (impossible que quelqu'un se plante sur nous en ratant son virage je veux dire.. on est très loin de la route).
Reste de potée + reste de riz = Chat pas content.
Pas de réseau.
Dodo.
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