Ce matin Léo s'est réveillé avant que le réveil sonne (vers 7h30 normalement), et a commencé à tout préparer pour le petit déj, sans trop ce soucier de savoir si les autres étaient aussi motivés que lui pour sortir de leur lit prématurément. J'étais fatigué et assez irrité par ce manque d'empathie, car j'étais assez certain de la raison de cette débauche d'énergie matinale: comme on avait accès au wifi de l'hôtel et que dès qu'on a du wifi gratos, Léo tanne sa mère pour qu'elle lui prête son téléphone portable afin qu'il puisse se repaître de vidéos youtube que je qualifie assez systématiquement de "stupides" (invariablement ce sont soit des vidéos style "vidéo gags" aux ras des pâquerettes, soit des vidéos "minecraft".. soupir.. alors qu'on peut pas dire que c'est le contenu qui manque sur youtube). Bref, il mettait donc en œuvre une stratégie assez évidente dont le but était de pouvoir profiter du wifi pendant le plus de temps avant que l'on décolle. Tout cela me déprima hautement et je ne pus m'empêcher de l'envoyer bouler en lui disant d'arrêter de réveiller tout le monde et qu'il avait qu'à aller lire dehors si soit disant il ne pouvait plus dormir car "tu comprends le soleil est levé", fait qui bizarrement ne l'empêche jamais de rester au lit quand il n'y a pas de wifi gratuit dans les parages. Argh. Voilà une journée qui démarrait bien.
Léo a pesté, mis ses chaussures et est sorti dehors, visiblement vexé de s’être fait éconduire de cette façon.. tout ça pour revenir moins de trois minutes plus tard en décrétant qu'il faisait trop froid dehors.
Gros soupir.. soit maudit youtube.. la peste soit de cette hystérie collective pour les images qui bougent et les contenus vaseux..

Tout le monde a fini par se lever.. moi le dernier, tout occupé que j'étais à ruminer ma lassitude à essayer tant bien que mal de contenir cette obsession maladive chez mon fils. Mieux vaut ne plus en parler ici, il me faudrait écrire un livre entier.
Gruau, maté. Le temps qu'on décolle pour le mirador qu'était un peu plus haut sur la route et où on avait décidé d'aller pour faire l'école et moi du saxo, Léo avait eu le temps de vider la batterie du téléphone de Marianne.
On est allé au mirador, il y avait beaucoup de vent mais j'me suis quand même motivé à faire une pratique de saxo, car les occasions se font plus rares depuis qu'on est au Mexique. La classe s'est pas trop mal passée je crois, en tout cas j'ai entendu des cris d'énervements venant du Katameh qu'une seule fois.
Vers midi on est allé se garer devant l'entrée du tunnel qui mène au pueblo mágico de Real de Catorce.
Le tunnel étant trop bas pour le Katameh on avait décidé de le passer à pied (on dirait pas sur la photo, mais en fait la hauteur du tunnel varie en cours de route). On se dirigeait vers l'entrée du tunnel quand une dame nous hélât de sa voiture pour nous demander: "Do you need a ride?" Elle était en train de faire la queue pour s'engager dans le tunnel où la circulation est alternée car il est trop étroit pour circuler dans les deux sens simultanément. On commença à balbutier qu'on pensait traverser à pied mais elle insista gentiment pour nous prendre dans sa voiture et on ne se fit pas trop prier.
On est monté à bord, Marianne lui a dit qu'on parlait espagnol et elle s'est mis a raconté beaucoup de chose sur sa vie, son voyage au Canada et plein d'autres choses encore. À ma question concernant la sécurité de notre véhicule pendant notre absence elle répondit que oui oui ça devrait aller, mais rajouta aussitôt que "habria que encargarlo a alguien", i.e. demander à quelqu'un de garder un œil dessus en échange de quelques pesos. Ce qu'elle fit aussitôt en appelant la fille qui avait l'air de gérer les allées et venues dans le tunnel, et nous demanda 20$ MXN pour financer l'opération.. et comme nous n'avions pas moins que des billets de 50$ (c'était trop, disait-elle) elle sortit les 20$ de son sac et les tendit à la fille en lui demandant que quand elle partirait, elle passe le relais à quelqu'un d'autre et que nous donnerions vingt autre pesos à cette personne là à notre retour. J'étais un peu gêné qu'elle paye pour nous et quand on est arrivé de l'autre côté dans le pueblo de Real de Catorce je lui ai proposé qu'on lui donne cinquante pesos pour la remercier de nous avoir fait traverser et pour la rembourser mais elle n'en voulu rien savoir et parti après nous avoir fait quelques recommandations sur les lieux.
Devait être environ 13h30, on est allé direct dans le petit boui-boui qu'elle nous avait indiqué pour manger bon et pas cher. On a commandé trois chiles rellenos (poivrons farcis au fromage) et une milanesa de pollo pour Léo. Avec un paquet de chips et une bouteille d'eau. Le chat a fait la moue devant son poivron, Léo a décrété que son poulet était en fait du poisson voire une omelette panée mais qu'en tous cas ça ne goûtait pas le poulet. Marianne et moi on a englouti notre chile relleno et le riz qui venait avec sans faire les fines bouches, c'était simple et de bon goût (mais bon, pas de la grande cuisine non plus, on va pas s'mentir).
Ensuite on a un peu zoné dans le pueblo, fait les boutiques de souvenir, visiter brièvement la cathédrale, apparemment c'est aussi un lieu de pèlerinage, ils ont une statue de St François d'Assise qui fait des trucs cool à ce qui parait.
Finalement on a pris la route qui menait à la ville fantôme. On est monté par ce qui restait d'une des ces routes pavées caractéristiques du coin, pour arriver dans tout un village en ruine.
À deux endroits il y avait des trous noirs béants, énormes et carrés, manifestement taillés par l'homme, qui s'enfonçaient dans les entrailles de la montagne. Ces montagnes étaient minées dans le passé, pour en extraire de l'argent. Un beau jour tout s'est arrêté pour cause de non rentabilité (cours de l'argent à ce moment là) et les lieux furent abandonnés. De nos jours, Real de Catorce semble plus être un lieu de villégiature pour touristes qu'autre chose, mais c'est tout de même chouette de voir ces vielles pierres partiellement restaurées (il y a aussi beaucoup de construction modernes -et moches- en parpaings qui ont champignonné un peu partout autour).
Une fois dans les ruines de l'ancien pueblo on est finalement pas redescendu dans Real de Catorce pour rentrer par le tunnel et on a suivi ce qui restait d'une vieille route pavée abandonnée depuis longtemps pour passer par dessus la montagne et redescendre de l'autre coté, route qui nous a ramené exactement au parking où on avait laissé le Katameh. On a marché presque dix kilomètres, ce qui nous a fait le plus grand bien.
Comme il n'était que 17h30, on a décidé d'en profiter pour rouler un peu et on est redescendu jusqu'à Cedral, où on passe la nuit dans un grand terrain vague désert au bord de la route principal, à côté d'un hôtel qu'était vide mais qui n'a pas voulu nous accueillir pour qu'on passe la nuit dans son parking fermé, et un peu plus loin la station Pemex. Le terrain vague appartiendrait à Pemex et sert manifestement de parking pour poids lourds. Mais il n'y avait qu'un seul camion quand on est arrivé.. et personne n'est venu nous dire de partir, donc on y dort et demain on reprendra la route.
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